Dans ce communiqué, des dirigeants du CNGOF, du CNOSF, du CNSF et de l’ASFEF accusent le Collectif interassociatif autour de la naissance (CIANE) d’avoir organisé les États Généraux de la Naissance (Châteauroux – 22 au 24 septembre 2006) sans y avoir associé « les professionnels ».
Depuis les années 70, les plans périnatalité se sont succédés en France et ont permis de faire diminuer de manière notable la mortalité et la morbidité fœtale et maternelle. Ces dernières années en particulier, un effort important a été accompli sur les transferts in utero de manière à ce que les bébés prématurés ou de faible poids naissent dans les établissements dotés de tous les moyens médicaux et techniques appropriés (réanimation néonatale, néonatologie).
EGN et CIANE, l’expertise à l’épreuve de la démocratie
Réflexions autour des États Généraux de la Naissance 2006
Le CIANE (Collectif interassociatif autour de la naissance http://ciane.net) est un collectif de 132 associations d’usagers des services de maternité rassemblées autour d’une charte et d’une plateforme de propositions pour l’amélioration du système périnatal. Il encourage, à cet effet, toute interaction constructive entre parents, praticiens de santé, chercheurs, responsables administratifs et décideurs politiques. Les États généraux de la naissance sont une occasion unique de construire ou consolider des passerelles entre ces acteurs de la périnatalité. Lire la suite
Message de Beverley Beech
De Beverley Beech, présidente d’AIMSau Royaume-Uni
Le 19 septembre 2006
I am delighted that you have learned our ‘bad habits’ so well. More power to your elbow. I am in the process of compiling a journal on ‘Provoking Change – Making a Difference’. It has come about because we are getting really angry about the amount of ‘consultation’ we have over here. We rush about like headless chickens responding to official document, spend inordinate amount of our precious time (without any pay) critiquing documents and attending public meetings and so little changes. So I think this journal is going to be a rant.
Je suis ravie de voir que vous avez pris si vite nos « mauvaises habitudes ». Plus d’huile de coude ! Je suis en cours d’élaboration d’un journal : « Provoquer le changement – créer la difference ». Le besoin en est apparu car nous sommes vraiment furieux du nombre de « consultations » pour lesquelles nous sommes sollicités ici. Nous courons partout comme des écervelées, répondant aux documents officiels, dépensant une quantité démesurée de notre temps si précieux (sans aucune compensation financière), rédigeant la critique de documents, participant à des réunions publiques, tout cela pour si peu de changement réel… Alors je pense que ce journal va être un pavé dans la mare.
Un rappel historique rapide me paraît être le premier point permettant de comprendre le contexte sociologique dans lequel les doulas(*) sont apparues en France.
Permettez-moi de réagir à ces propos qui m’ont choqué car ils ne sont que le reflet d’une totale ignorance des besoins des futurs parents en général et de la profession de doula (ou accompagnante à la naissance) en particulier. J’aimerais que le plus grand nombre puisse avoir accès à ce témoignage afin que les gens ne voient pas la profession de doula qu’à travers les attaques de sage-femmes qui ne savent pas forcément de quoi elles parlent.
Je suis à la fois maman de 3 enfants et « accompagnante à la naissance » en fin de formation pratique (école ALNA).
Que signifie le sous-titre de votre dernier ouvrage « faire un projet de naissance » ?
Sophie Gamelin-Lavois : C’est prendre le temps de réfléchir, de s’informer, de débattre sur les pratiques de l’accouchement pour mieux définir ses désirs et pouvoir les assouvir au « moment M ». Les parents manquent d’information sur les différentes manières d’accoucher. Et pourtant, les mamans peuvent troquer la blouse contre leur chemise préférée, se promener pendant le travail, accoucher debout avec la sage-femme qui les a suivies, câliner leur nourrisson avant qu’il ne soit lavé et habillé… Ils ne savent pas non plus qu’ils ont le droit de refuser les pratiques de routine que sont, par exemple, la pose systématique et en continu du monitoring, les touchers vaginaux, la perfusion, la péridurale, la position allongée…
En introduction au colloque de Banyuls(1) sur les responsabilités, rôles et statuts autour de la Naissance, nous écrivions :
La référence à la sécurité engendre l’utilisation de techniques de plus en plus nombreuses, sophistiquées et donc coûteuses. Elles provoquent la multiplication des interventions et donc l’apparition de toute une pathologie somatique et psychologique conséquence de ces interventions. L’exigence de perfection du résultat, qu’il faut bien qualifier d’attitude consumériste, impose elle aussi la multiplication des actes avec les mêmes conséquences. Dans le même temps les problèmes de coût de la santé amènent à rechercher une restriction des dépenses. Le résultat est que chacun des intervenants attend l’autre au tournant de la moindre non conformité aux critères sécuritaires et consuméristes… Un statut sans aucun rôle, des droits sans devoirs, une liberté sans responsabilité, tels semblent être aujourd’hui les aspirations des prétendus citoyens de nos sociétés…
Est expert celui qui a de l’expérience (experientia). Ce sens premier, fondé sur l’idée d’un apprentissage à l’épreuve de la pratique, est éclipsé par le sens plus courant aujourd’hui de spécialiste d’un domaine. Cette évolution sémantique a cela de remarquable que le sens moderne tend à disqualifier l’expertise fondée sur l’expérience ordinaire qui fondait la notion primitive.
(Cité par Bernard Bel)
Co-responsabilité
Claude-Emile TOURNÉ
Ci-dessous une contribution à l’atelier « satisfaction des usagers » qui peut d’ailleurs aller avec la plupart des autres.
Je suis effaré que dans une manifestation organisée par les associations d’ »usagers » ne vienne à aucun moment l’idée de la responsabilité des parents dans la mise au monde des enfants. Au cours du Congrès « Quelle Naissance demain ? » organisé à Perpignan en 1991 le thème de la première journée était justement « la co-responsabilité parents-équipe médicale est-elle possible autour de la naissance ? ». (Voir la transcription intégrale du forum)
Le problème des structures publiques, c’est que rien n’est fait pour qu’elles traduisent la mobilisation du public. Si les membres des agences peuvent être corrompus, ce n’est pas parce que ce sont des structures publiques mais, à l’inverse, parce qu’elles ne le sont pas assez.
[…] nous nous méfions des dénonciations quand cela devient le moyen de tout savoir tout de suite. Il n’y a alors plus de problèmes à fabriquer politiquement, plus rien à apprendre à explorer collectivement et il n’y a plus de possibilité d’action. Nous avons considéré qu’une autre démarche était possible : inventer des dispositifs pour déployer des problèmes, apprendre de l’action, des groupes déjà existants. On pourrait ici parler de « pratiques de transition », et désigner ainsi toutes les pratiques dont le trait commun est de travailler à ce dont la gauche a besoin, « que les gens pensent », toutes les pratiques qui produisent les protagonistes susceptibles de participer à la dynamique de production-exploration des problèmes au lieu d’en accepter les termes imposés.
L’idée de pratiques de transition désigne l’« empowerment », c’est-à-dire l’augmentation collective de la puissance d’agir, comme la seule boussole raisonnable dont nous disposons désormais.
Aucune pratique de transition ne peut accepter un problème tel qu’il est posé, et une transformation doit le rendre intéressant. C’est le début de rencontres passionnantes pour les anticapitalistes, des rencontres qui leur font perdre le goût de ces solutions générales qui évitent de tenir compte des conditions particulières discutées par les intéressés eux-mêmes.
(Cité par Bernard Bel)
La situation obstétricale en France
(Max Ploquin)
Elle est très préoccupante pour les usagers et également pour les sages-femmes.
La médicalisation de la naissance dans les pays industrialisés peut se définir comme l’appropriation progressive et quasi complète par le secteur médical de l’une des expériences humaines les plus fondamentales. Cette expérience, faut-il le rappeler, a pour fonction d’assurer la pérennité de l’espèce et celle des sociétés. Elle revêt de par ce fait une valeur inestimable. Cette appropriation a été grandement facilitée par le déplacement de l’accouchement du domicile vers les centres hospitaliers et ce, pour l’ensemble des femmes enceintes, sans égard au fait qu’elles soient ou non en bonne santé, ni qu’elles aient ou non une grossesse « normale » (plus de 80% des grossesses étant qualifiées ainsi). La médicalisation de la naissance est abordée ici en tant que phénomène social, et nous ne cherchons pas à discuter la prise en charge médicale des femmes enceintes malades ou qui présentent une grossesse pathologique.
Les accouchements physiologiques, c’est-à-dire sans complications, représentent plus de 80% des naissances. Cela signifie que plus de 80% des mamans peuvent donc accoucher “normalement”, sans avoir besoin d’autre chose que l’assistance d’une sage-femme, professionnelle justement formée à l’accompagnement de ces naissances. Son rôle est avant tout de veiller au bon déroulement de l’accouchement, rassurer et encourager la maman et prévenir l’obstétricien en cas de difficulté. L’accouchement aujourd’hui ne ressemble à rien de cela.
Si les pratiques scientifiques sont fiables, si la manière dont les associations intéressées contribuent à engager la question des drogues et celle du sida sur le chemin de pratiques plus rationnelles, ce n’est pas parce qu’une liberté d’opinion y prévaudrait, ou parce que le public serait reconnu comme susceptible de « voter » pour telle ou telle solution. Dans tous ces cas, nous avons affaire non à la règle de la majorité, coalition d’opinions individuelles, mais à la construction de minorités actives. La vocation de ces minorités n’est pas du tout de devenir majoritaires mais de « faire une différence », d’intervenir dans un problème avec leurs propres critères et leurs propres intérêts.
Lorsque peut se formuler la question « en quoi cette proposition est-elle pertinente pour nous ? », ce qui s’exprime est l’existence non d’une opinion mais d’un « nous », d’un collectif qui possède ses propres repères, ses propres exigences. Je soutiendrai donc que ce que nous appelons rationalité aussi bien que ce que nous appelons démocratie progressent chaque fois que se constitue un collectif rassemblant des citoyens jugés jusque-là incapables de faire valoir leurs intérêts, ou porteurs d’intérêts jugés indignes d’être pris en compte. Plus précisément : chaque fois qu’un tel collectif s’invente, non dans l’affirmation d’une identité close et haineuse, mais dans l’affirmation du risque d’exister, de s’inventer comme porteur de nouvelles exigences qui compliqueront la vie de la cité et empêcheront de faire taire ce qui, sans cela, aurait été jugé « secondaire », « destiné à s’arranger par la suite ».
[…] Le pouvoir du laboratoire, qui permet de mettre en scène des aspects des mécanismes immunitaires, d’identifier les molécules qui y sont impliquées, permet de moins en moins de faire la différence entre « ce qui compte » et « ce qui est secondaire » et peut être négligé. Comment le « moral », la confiance des patients, leur optimisme ou leur défaitisme comptent-ils ? Certains attendent une nouvelle « révolution » qui permettra d’oublier que l’on a affaire à autre chose qu’à une symphonie compliquée de mécanismes moléculaires, d’autres affirment qu’il faut emprunter d’autres voies, qui s’adressent au malade qui souffre et non à ses molécules.
« Un autre monde est possible ! » est un cri. Sa puissance propre n’est pas celle d’une thèse ou d’un programme, dont la valeur se juge à leur « plausibilité ». Il n’autorise aucune mise en perspective triomphale et ne propose aucune garantie. C’est pourquoi d’ailleurs le singulier « un autre monde » convient : il ne s’agit pas d’une allusion à un monde particulier, que nous pourrions définir, ni non plus à n’importe quel autre monde (tout mais pas ça). Il s’agit d’en appeler au possible contre l’allure inexorable du processus qui s’est installé et qui, bien sûr, continue aujourd’hui de plus belle. Il s’agit de briser quelque chose qui était de l’ordre de l’envoûtement, de l’impuissance sidérée dont même ceux qui luttaient encore pouvaient sentir la proximité. Nous dirons que ce cri est le nom d’un événement, et que la force de cet événement est la manière dont il fait exister, pour tous ceux, toutes celles qui lui répondent, la question : comment hériter, comment prolonger ? Comment devenir enfant de cet événement ?
Il y a 33 mois, une vie naissait en moi. Dès les premiers instants, j’ai voulu comme on me l’avait bien appris, me faire « prendre en charge au plus tôt ». Dans la ville où j’habite vous avez bonne réputation et on dit de vous que vous avez de grandes compétences en matière obstétricale.