La situa­tion obs­té­tri­cale en France 
 
Elle est très pré­oc­cu­pante pour les usa­gers et éga­le­ment pour les sages-femmes.

En effet pour des rai­sons éco­no­miques (d’aucuns diraient éga­le­ment sous pré­texte de sécu­ri­té) du fait des der­niers plans de péri­na­ta­li­té, et des divers nume­rus clau­sus, des normes par­ti­cu­lières de pré­sence de pra­ti­ciens de la nais­sance sur les lieux d’accouchement, on ne trouve plus assez d’obstétriciens, de sages-femmes, d’anesthésistes, de pédiatres.

Ain­si ont été fer­més de nom­breux petits hôpi­taux et petites cli­niques dits, sou­vent de proxi­mi­té, ceci s’étant révé­lé catas­tro­phique pour l’évolution de l’accouchement physiologique.

Les pro­to­coles impo­sés dans les lieux de nais­sance favo­risent en effet une pas­si­vi­té, une sou­mis­sion des par­tu­rientes, des mères qui n’ont pas osé pen­dant long­temps pro­tes­ter contre ces mesures pro­to­co­laires :
Le désir (bien com­pré­hen­sible) des divers gou­ver­ne­ments (toutes options poli­tiques confon­dues) d’obtenir une ren­ta­bi­li­té des lieux de nais­sances et de réa­li­ser des éco­no­mies bud­gé­taires, a abou­ti à une poli­tique d’occupation maxi­mum des lits, et de concen­tra­tion du per­son­nel à des moments et sur des lieux don­nés. Ain­si s’est petit à petit effec­tué le recours à la pro­gram­ma­tion des nais­sances, donc à des déclen­che­ments plus fré­quents d’accouchements (c’est d’ailleurs deve­nu une habi­tude dans cer­tains lieux), ce qui a entraî­né le recours de plus en plus fré­quent de l’analgésie péri­du­rale, car la dou­leur pro­vo­quée par la puis­sance et l’intensité des contrac­tions uté­rines sous l’effet des divers agents de déclen­che­ment (pros­ta­glan­dines, ocy­to­ciques de syn­thèse) est insupportable !

Ain­si s’est nor­ma­li­sé le sys­tème « déclen­che­ment – péri­du­rale ».
Il faut rap­pe­ler que le déve­lop­pe­ment de la péri­du­rale a été favo­ri­sé par les milieux offi­ciels de san­té d’une manière pri­vi­lé­giée dans les ins­ti­tu­tions hos­pi­ta­lières aux dépens des pré­pa­ra­tions à la nais­sance qui ne sont d’ailleurs pra­ti­que­ment plus assu­rées en de nom­breux endroits par manque de sages-femmes.

Cette péri­du­rale pro­voque dans un cer­tain nombre de cas une véri­table ato­nie uté­rine qui peut ame­ner une mise en place de for­ceps, l’indication d’une césa­rienne, notam­ment pour souf­france fœtale par anoxie :
La per­fu­sion médi­ca­men­teuse d’ocytociques déclenche une trop grande pres­sion dans la chambre vil­leuse du pla­cen­ta, là où se font les échanges gazeux (l’oxygène) entre la mère et l’enfant ; ce der­nier est ain­si pri­vé d’oxygène d’une manière aiguë et dans ce cas l’enregistrement du moni­to­ring décèle ce manque, mais il peut être aus­si chro­nique et cela est, dans ce cas, dif­fi­ci­le­ment décelable.

Ain­si sur­viennent des réani­ma­tions de bébés peut-être un peu plus sou­vent qu’il ne le fau­drait, si bien que ce sys­tème pro­to­co­laire qui devait, en prin­cipe dimi­nuer les risques mater­nels et fœtaux, n’a pas don­né d’abaissement signi­fi­ca­tif de taux de la mor­bi­di­té et mor­ta­li­té fœtale néo­na­tale, alors qu’un doute sub­siste quant à l’accroissement de la mor­ta­li­té mater­nelle, et qu’en plus ce cycle déclen­che­ment – péri­du­rale – inter­ven­tion gêne consi­dé­ra­ble­ment les mamans qui accouchent, et dimi­nue leur bien-être. 

Cette iatro­gé­nie devrait pou­voir être évi­tée en reve­nant au res­pect de la phy­sio­lo­gie de la nais­sance… D’autant que nous savons main­te­nant que ce sys­tème engendre et entre­tient une angoisse chro­nique impor­tante de la mère cause de l’augmentation du taux des hor­mones de la famille de la nora­dré­na­line et, par voie de consé­quence, auto­ma­ti­que­ment, la raré­fac­tion de l’ocytocine natu­relle, cette hor­mone extrê­me­ment impor­tante fabri­quée par la mère elle-même, que l’on retrouve à un taux maxi­mum au moment des rap­ports sexuels :
- Pen­dant l’acmé de la phase de jouis­sance de la femme et de l’homme
- Lors du déclen­che­ment natu­rel de l’accouchement
- Juste au moment de la nais­sance de bébé
- Quelques secondes avant l’expulsion du pla­cen­ta
- Quand l’enfant prend le mame­lon du sein de sa mère

De plus, on sait que l’injection d’ocytociques syn­thé­tiques arti­fi­ciels fait sys­té­ma­ti­que­ment dis­pa­raître l’ocytocine natu­relle de la mère avec toutes les consé­quences sur les cibles citées plus haut et notam­ment au moment du déclen­che­ment de l’accouchement, de la nais­sance de bébé, de l’expulsion du pla­cen­ta, de l’allaitement mater­nel qui peuvent ain­si être tota­le­ment perturbés. 

LA DÉMONSTRATION DES EFFETS NÉGATIFS DE CETTE FORMULE DE NAISSANCE DEVRAIT SUFFIRE POUR MODIFIER TOTALEMENT NOS PRINCIPES ACTUELS D’ACCOUCHEMENTS.

Ain­si, les femmes ne pou­vant se faire entendre dans les hôpi­taux et cli­niques, on com­prend les demandes d’accouchement à domi­cile qui per­mettent d’éviter un grand nombre de ces iatro­gé­nies, et aux mamans de retrou­ver leurs réac­tions pri­males ins­tinc­tuelles d’accouchement, et de pra­ti­quer la pré­pa­ra­tion à la nais­sance et l’accompagnement qu’elles sou­haitent, avec l’aide de sages-femmes libé­rales au dévoue­ment et à la com­pré­hen­sion sans limites, même si dans cer­tains cas, il peut pla­ner un doute quand un éven­tuel dan­ger, aggra­vé par le fait que ces sages-femmes libé­rales ne peuvent avoir accès au pla­teau tech­nique alors que la loi, nor­ma­le­ment, les y autorise.

Une telle situa­tion favo­rise l’augmentation du taux de césa­riennes offi­ciel­le­ment tour­nant autour de 22% mais qui, à notre avis, est bien plus éle­vé compte tenu que les césa­riennes ité­ra­tives ne sont pas tou­jours comp­ta­bi­li­sées.
Fau­dra t‑il attendre pour s’intéresser à ce pro­blème que soient atteints les taux de 50% de césa­riennes de l’Italie du sud et près de 70% pour le Bré­sil, avec toutes les consé­quences que l’on connaît ?

Bien d’autres sujets de pré­oc­cu­pa­tions pour­raient être évo­qués ici :
- Le pro­jet de nais­sance (qui prend corps)
- L’épisiotomie (le CIANE a lar­ge­ment contri­bué à sa régu­la­tion à un taux extrê­me­ment bas avec des indi­ca­tions excep­tion­nelles que l’on espère ain­si appli­quées d’ici peu de temps).
- Les pré­pa­ra­tions à la nais­sance qui per­met­traient aux mamans d’éviter entre autres la péri­du­rale et moult com­pli­ca­tions (et évi­te­raient de nom­breuse déchi­rures péri­néales, comme le démontrent les sta­tis­tiques)
- Le res­pect du dérou­le­ment natu­rel des temps de l’accouchement, les modes de com­por­te­ment de la part des pro­fes­sion­nels de san­té, dans l’allaitement mater­nel, dans les phé­no­mènes d’attachement mère-enfant, dans l’évolution des rap­ports affec­tifs entre bébé et ses parents avec une orien­ta­tion vers l’autonomie de l’enfant. Tout cela dans une prise de conscience « citoyenne » que la mère est capable, avec ses propres res­sources, de mettre, dans 95% des cas, son enfant au monde, avec la consé­quence impor­tante pour l’enfant aimé, res­pec­té, de voir son évo­lu­tion phy­sique, psycho-affective, intel­lec­tuelle, heu­reuse, équi­li­brée, pour assu­mer, ensuite, de manière har­mo­nieuse sa vie de citoyen.
- Et nous atten­dons tou­jours l’autorisation d’ouvertures de véri­tables « mai­sons de nais­sance » qui a pour­tant été pro­mise en de nom­breuses occasions.

Il ne s’agit pas là de sou­haits uto­piques mais de réa­li­sa­tions pos­sibles : dans tout cela les usa­gers ont leur mot à dire en confron­ta­tion trans­pa­rente avec les pro­fes­sion­nels de san­té, avec tous les acteurs et par­te­naires de la nais­sance, en tenant compte éga­le­ment des réa­li­tés natio­nales actuelles. Ces modi­fi­ca­tions d’application de l’obstétrique, sou­hai­tées par les usa­gers dans leur ensemble, sont d’autant plus aisées à réa­li­ser quelles n’entraînent aucunes dépenses sup­plé­men­taires mais sont, au contraire, vec­trices d’économies immé­diates, d’économies à dis­tance par une plus grande pro­tec­tion de san­té des citoyens se pre­nant en charge d’une manière plus auto­nome, et favo­ri­se­raient le bon­heur des usa­gers, mamans, papas, bébés.

Max Plo­quin
Fon­da­teur de la Cli­nique Mon­taigne de Châ­teau­roux
Vice-président de la Sociéte fran­çaise d’histoire de la nais­sance
Pré­sident de l’association « His­toire et ave­nir de la nais­sance »
et de l’association « Quelle nais­sance ? Les ren­contres de Châteauroux »

 


< Précédent

Suivant >
 
   
 
 
  LE CIANE Ville de Chateauroux Conseil général de l'indre Région Centre Mutualite de l'indre