Plai­doyer pour une nais­sance par césa­rienne plus humaine 
 
(Voir ate­lier et consul­ter le dia­po­ra­ma Power­Point)
La part des nais­sances qui ont lieu par césa­rienne est constam­ment en pro­gres­sion. Mais force est de consta­ter que cela n’est pas sans consé­quence pour la mère, le père et l’enfant.
Il n’est pas là ques­tion de dis­cu­ter les jus­ti­fi­ca­tions des nais­sances par voies hautes, mais seule­ment d’examiner les consé­quences psy­cho­lo­giques pour les parents et de trou­ver, ensemble, des solutions.

CONSTAT

Nombre de mères ayant don­né nais­sance par césa­rienne se défi­nissent comme étant « trau­ma­ti­sées », « incom­pé­tentes », « dimi­nuées ». Elles ont le sen­ti­ment d’avoir subi leur accou­che­ment, de ne pas en avoir été actrices, bref, elles se sentent dépos­sé­dées. Les dou­leurs des pre­miers jours, même lorsqu’elles sont par­fai­te­ment trai­tées, res­tent telles qu’elles ajoutent encore à l’incapacité des mères. Elles ne peuvent prendre soin elles-mêmes de leur enfant dont sou­vent, elles ont été sépa­rées dès la nais­sance, et pen­dant le reste de l’opération et de l’admission en salle de réveil. Le tout sans aucun accom­pa­gne­ment et sans sou­tien affec­tif… Les suites de couches ajoutent leur lot d’inconfort et de dépen­dance : les amé­na­ge­ments maté­riels ne sont pas tou­jours pos­sibles (lit élec­trique, son­nette du per­son­nel etc…) et bien des mères ne peuvent gar­der leur bébé avec elles, faute de mobi­li­té ou de lits d’appoint pour leurs maris.

Les sen­ti­ments d’une mère qui vit une césa­rienne peuvent être extrê­me­ment confus et pénibles, et leurs impacts très néga­tifs sur le regard que la femme peut avoir d’elle-même. Et pour­tant, de cet ins­tant si intense, on exige de la mère qu’elle le vive en silence, voire dans le bon­heur, et sur­tout, dans la plus com­plète solitude…

Encore une fois, le débat ne porte pas sur la jus­ti­fi­ca­tion de cette nais­sance chi­rur­gi­cale, mais de cher­cher com­ment l’événement peut être amé­na­gé, pour per­mettre à la mère de le vivre au mieux…

PROPOSITIONS

Bien qu’il soit cou­ram­ment pré­sen­té par les médias et par les soi­gnants eux-mêmes que la pré­sence du père au bloc est acquise, il faut sou­li­gner que les faits montrent que cela est rare­ment le cas. L’absence du père au moment de la nais­sance peut être vécue comme une injus­tice, une sépa­ra­tion déchi­rante au moment même où la mère doit faire face à une mul­ti­tude de sen­ti­ments tous plus dif­fi­ciles les uns que les autres. Comme plus d’une nais­sance sur 5 aura lieu par césa­rienne, une femme sur 5 vivra cette soli­tude… Mais un père sur 5 éga­le­ment ! Car, en le lais­sant à la porte du bloc opé­ra­toire, seul, sans que le per­son­nel puisse prendre le temps même de venir le ras­su­rer, on ajoute encore une part sup­plé­men­taire aux trau­ma­tismes que ces couples devront par la suite, sur­mon­ter ensemble.

Il est pour­tant pos­sible qu’il accom­pagne sa femme pen­dant la nais­sance. Des amé­na­ge­ments existent, et les cas de césa­riennes pra­ti­quées dans l’urgence extrême où la vie de la mère ou de l’enfant sont en jeu ne sont pas légion. Il suf­fit de pré­pa­rer le père (vête­ment sté­rile…) et de lui per­mettre de se pla­cer près du visage de sa femme, ras­su­rée par sa présence.

La nais­sance peut éga­le­ment être huma­ni­sée, par des gestes simples, sym­bo­liques, et qui auront un effet posi­tif dans le vécu de l’évènement par les parents. Ces pré­cau­tions ne sont pas une source de tra­vail sup­plé­men­taires pour des soi­gnants déjà sur­char­gés, mais s’insèrent très bien dans l’acte. Oui, il est pos­sible de déta­cher au moins un bras de la mère, de bais­ser le champ opé­ra­toire, de poser l’enfant en bonne san­té près du cou de sa mère qui peut ain­si prendre contact en lui par­lant, le tou­chant, de les lais­ser ensemble autant que pos­sible. Cette pre­mière ren­contre est pri­mor­diale. Dans les pre­mières minutes de vie a lieu le pre­mier regard : ce pro­to­re­gard « paren­ta­li­sant », selon les termes même du Dr Marc Pilliot, est indis­pen­sable à l’attachement mère-enfant, et donc à l’établissement du lien fami­lial. Bien des gestes pra­ti­qués dans la rou­tine peuvent être remis à plus tard, pour per­mettre à la mère, au père et à l’enfant, de prendre le temps de se ren­con­trer, de se décou­vrir. Pra­ti­quer les soins non urgents en pré­sence des parents et sur­tout de la mère, per­met de redon­ner un peu de nor­ma­li­té à l’événement qui vient de se produire.

Après la nais­sance, la ren­contre peut être pour­sui­vie en salle de réveil où pour­ra avoir lieu la pre­mière mise au sein. Dans biens des endroits cepen­dant, ce lieu est par­ta­gé par d’autres spé­cia­li­tés de chi­rur­gie, et il n’est pas pos­sible de per­mettre à la famille de conti­nuer les pré­sen­ta­tions. Peut-être est-il envi­sa­geable de per­mettre la sur­veillance dans les chambres pré­vues aux nou­velles accou­chées, de déca­ler les césa­riennes pro­gram­mées, de limi­ter au maxi­mum le temps de ce pas­sage… Si la sépa­ra­tion est inévi­table, l’enfant en bonne san­té peut pro­fi­ter de ce moment pour faire connais­sance en peau à peau avec son père, au lieu de devoir pas­ser ce moment seul, en cou­veuse, alors que sa san­té ne le néces­site pas…

CONCLUSION

Cette liste non exhaus­tive de pistes est en dehors de la majeure par­tie des pra­tiques habi­tuelles des mater­ni­tés fran­çaises, c’est évident. Pour­tant des mater­ni­tés per­mettent de telles possibilités.

Il est à noter que tout dépend de la façon dont les parents et les pro­fes­sion­nels de san­té se posi­tionnent. Le res­pect de l’un et l’autre est impor­tant. Etre inter­lo­cu­teurs est essen­tiel, et la com­mu­ni­ca­tion récep­tive et res­pec­tueuse peut per­mettre de chan­ger le vécu d’un tel évé­ne­ment, c’est ce que prône l’association Césa­rine, notam­ment, dans sa défense du dia­logue avec les pro­fes­sion­nels de santé.

Myriam Pot­tier, Vice Pré­si­dente de l’Asso­cia­tion Césarine

 


< Précédent

Suivant >
 
   
 
 
  LE CIANE Ville de Chateauroux Conseil général de l'indre Région Centre Mutualite de l'indre