Le déclenchement |
(Samedi 23 à 10h30)
Président de séance : Patrick STORA, gynécologue-obstétricien, vice-président de l’AFAR Intervenants :
Enregistrement et transcription Le déclenchement artificiel de l’accouchement était presque anecdotique dans les années 60. En 1981 10% des accouchements étaient concernés. À l’heure actuelle il a dépassé 20% des accouchements, soit environ 160000 femmes et bébés français chaque année. Est-il besoin de dire que la grande majorité de ces femmes et de ces bébés se porteraient tout aussi bien, si ce n’est mieux, si l’on avait laissé le travail se déclencher spontanément ? Plusieurs facteurs sont impliqués et imbriqués dans cette escalade. C’est le but de cet atelier de les cerner, puis de nous demander quelles conséquences cela peut avoir, quel est l’enjeu de société associé. Quelques questions pourront nous servir de support : I. Pourquoi une telle augmentation ? 1) La médecine basee sur des preuves est un grand progrès. Mais elle a aussi ses limites, elle n’est « que » statistique. Elle prédit des risques, mais elle ne permet pas de faire un diagnostic. N’y a‑t-il pas parfois confusion entre risque et pathologie avérée ? 2) Le déclenchement artificiel n’est-il pas aussi utilisé pour des raisons organisationnelles du service en l’absence de tout signe clinique ? 3) La systématisation du déclenchement n’est-elle pas due en partie a cinq idées fausses : — que le bébé est « fini » à 37 semaines ? 4) Pourquoi certaines femmes le demandent-elles ? Quelles sont les parts entre manque d’information, fin de grossesse pénible, contexte culturel ? 5) Pourquoi l’escalade continue-t-elle juqu’a utiliser illégalement du Cytotec dans la politique de certains services, plutôt que de mettre toutes les forces des chercheurs dans l’amélioration du dépistage précoce de la post-maturité ? II. Que faisons-nous vraiment, quel avenir pour ces enfants, pour la société ? Les neurosciences ont fait suffisamment de progrès pour que plus personne ne puisse soutenir que accouchement spontané ou déclenché « c’est pareil ». Dans le premier cas le processus est endogène, l’ensemble des deux organismes règlent le bal délicat des productions hormonales. Dans le second cas le processus est grossièrement dirigé de facon exogène, il est imposé aux deux organismes qui doivent donc répondre à une agression extérieure. Les neurosciences nous dévoilent aussi que corps et esprit ne peuvent pas être séparés, ils sont indivisibles. On parle maintenant du corps-esprit. Notre mémoire est dynamique. Chaque événement modifie le réseau neuronal, les réponses synaptiques à divers stimuli, et même leur nombre. 1) Quelles traces un déclenchement inutile peut-il laisser dans le corps-esprit d’une femme ? 2) Quelles empreintes cette « agression » extérieure va-t-elle laisser dans le corps-esprit du bébé ? Quelles sont les réponses normales d’un organisme qui s’est senti menacé dans son intégrité (il n’est pas besoin d’être conscient pour cela) ? Ne risquons-nous pas de voir une certaine proportion de ces enfants devenir agressifs ou colériques, ou bien insécurisés, ou sujets à un léger syndrome de sentiment de persécution, ou partiellement apathiques voire déprimés car leur force vitale aurait été amputée dès le départ ? III. Et quelles conclusions et actions allons-nous tirer de tout cela ? Deux notes sur le déclenchement(Claude-Émile TOURNÉ) • La terminaison de la grossesse reste globalement un mystère. La plupart des recherches convergent cependant vers l’hypothèse veut que ce soit l’enfant qui déclenche l’accouchement parce que la satisfaction de ses besoins est insuffisamment pourvue. Ce serait donc bien une « rébellion » due à l’expérimentation déjà avant la venue au monde d’un manque, qui serait à l’origine de la rupture de la symbiose originelle. La mère ne pourvoyant plus suffisamment aux besoins, l’enfant se résoudrait à déclencher les mécanismes de son expulsion. |
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