INDRE, mardi 26 septembre 2006, p. 3
INDREactualité
Il faut » démédicaliser la naissance « …
Hervé LARROQUE
Trois journées instructives se sont achevées, dimanche, à Châteauroux. Les
seconds Etats généraux de la naissance, faisant suite à ceux de 2003,
veulent contribuer à améliorer les conditions de naissance dans notre pays.
« Il faut augmenter considérablement le nombre des sages-femmes pour limiter
le stress et revenir à la physiologie [l’accouchement normal, non
médicalisé] », a souligné Max Ploquin, organisateur de cette rencontre, lors
du bilan final. « Il faut aussi de vraies maisons de naissance, gérées par
des sages-femmes et des usagers, en toute autonomie… » Comme le rappelle
Gilles Gaebel, « 85 % des naissances ne sont pas pathologiques ».
Mais les sages-femmes n’ont pas la vie facile actuellement : « Près de 30 %
des diplômées ne sont pas en activité, parce que les conditions de travail
deviennent insupportables », souligne une d’elles. 50 étudiantes
sages-femmes sont venues de leur école belge pour participer à ces trois
jours. « Ce sont en même temps 50 Françaises, ce qui dénote un problème ! »
La participation globale a été plus importante qu’attendu, indique Max
Ploquin : « Nous étions 350 dès le vendredi soir, et 450 le samedi… ».
Ceci malgré la non-participation d’organisations professionnelles qui
auraient voulu être parties prenantes dans la préparation.
Les membres du Ciane, qu’ils soient ou non médecins, demandent qu’on
respecte davantage les demandes des femmes enceintes concernant leur
accouchement : pas de péridurale ni d’épisiotomie quand elles ne sont pas
nécessaires ; possibilité de marcher dans les couloirs, prendre un bain,
s’accroupir et se relever etc.
Davantage d’accompagnement permet de limiter le stress et donc le
pourcentage de césariennes. Les accouchements sous ocytocine – sorte de «
dopage » accélérant artificiellement l’accouchement – ont des inconvénients
dont les femmes ne sont pas assez informées. Ces accouchements déclenchés
servent davantage le confort des soignants que l’intérêt des parturientes,
souvent.
« Les freins viendront des usagers. Il faut redémocratiser les relations
entre les femmes et les gens qui s’occupent d’elles au moment de la
naissance », insiste le Dr Daniel Lipszyc. En France, 65 à 70 % des
accouchements se font sous péridurale ; Outre-Rhin, c’est 30 %, rappelle
Bernard Bel. En matière de consommation médicale, le plus n’est pas le mieux !
Illustration(s) :
Max Ploquin au micro, entouré des principaux animateurs du Collectif
interactif autour de la naissance (Ciane).
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La Nouvelle République du Centre-Ouest
INDRE, lundi 25 septembre 2006, p. 5
CHATEAUROUX
Respecter davantage les choix des femmes qui vont accoucher, éviter les
interventions chirurgicales qui ne sont pas nécessaires… Ces thèmes ont
été abordés, parmi bien d’autres, ce week-end lors des IIe Etats généraux de
la naissance, à Châteauroux.
Hervé LARROQUE
La seconde édition des Etats généraux de la naissance, qui s’est tenue à
Châteauroux de vendredi à dimanche, ne voulait pas ressembler à un congrès
médical. Les associations qui s’intéressent à la grossesse et à
l’accouchement y ont pris largement part, à travers le Ciane qui était
l’organisateur de ce deuxième rendez-vous national, organisé à Belle-Isle
(*).
La parole a été donnée aux non-professionnels, à commencer par les femmes,
premières concernées. Mais 50 % des intervenants restaient des hommes et
femmes de l’art : médecins obstétriciens, gynécos, sages-femmes, chercheurs
scientifiques…
Dès vendredi soir, un sujet brûlant a été abordé : la fonction des « doulas
», femmes qui accompagnent les mères dans la périnatalité aux Etats-Unis (où
les sages-femmes n’existent pas). Les arguments pour et contre ont été
exprimés. Beaucoup d’autres de sujets ont été évoqués au fil de ces trois
jours, avec des pionniers de l’accouchement sans douleur comme le Dr Max
Ploquin (qui a fait venir ce rassemblement à Châteauroux) et le Dr Daniel
Lipszyc.
La tendance générale, ici, consiste à vouloir respecter davantage les choix
des usagers ; ne plus imposer un déclenchement artificiel de l’accouchement
sans l’accord préalable de la femme (si elle fait un autre choix, mieux vaut
qu’elle l’indique par écrit) ; faire baisser le nombre de césariennes,
anormalement élevé en France par rapport à d’autres pays développés ;
diminuer aussi les épisiotomies qui ne sont pas sans inconvénients, tout en
étant plus douloureuses et hémorragiques qu’une déchirure naturelle.
Bernard Bel, chercheur, et le Dr Gilles Gaebel, animateur actif du Ciane,
ont souligné que les institutions de la périnatalité doivent être au service
des femmes, et non le contraire. En les informant pour qu’elles puissent
choisir leur projet de naissance, librement et en toute connaissance de
cause.
- (*) Collectif interassociatif autour de la naissance (Ciane), regroupant
132 associations. Lire notamment les dix propositions qui résument sa vision
de la naissance et de l’accouchement dans son site Internet www.ciane.net,
rubrique « Textes fondateurs ».
Illustration(s) :
Le Dr Daniel Lipszyc, pionnier de l’accouchement prophylactique et défenseur
des petites et moyennes structures d’accouchement.