Ces gros­sesses silencieuses
Quelle atti­tude la sage-femme adopte-t-elle en post-partum, dans le pro­ces­sus d’interactions mère-enfant, quand il y a eu déni de grossesse ?

Fan­ny LAMIDÉ et Aurore PROST
Mémoire de fin d’études pour le diplôme d’état de sage-femme
Ins­ti­tut Supé­rieur d’En­sei­gne­ment Infir­mier à Bruxelles
Sous la res­pon­sa­bi­li­té d’Antoinette HUBERTY et Fran­çoise LION

(Texte inté­gral en PDF)

(La pré­sen­ta­tion se fera dans le cadre de l’a­te­lier Prise en charge de la péri­na­ta­li­té)

« Une femme éprouve sou­dai­ne­ment de vio­lentes dou­leurs abdo­mi­nales, qu’elle attri­bue à la mau­vaise diges­tion d’un ali­ment. Quelques minutes plus tard, elle accouche d’un enfant à son domi­cile. A aucun moment, elle ne s’était aper­çue de son état de gros­sesse ». (BAYLE B., 2003)

Ce cas illustre de façon cari­ca­tu­rale ce que les cli­ni­ciens dési­gnent sous le terme de déni de grossesse.

Aujourd’hui encore ce symp­tôme est mal connu et le déni de gros­sesse est beau­coup plus fré­quent qu’on ne le pense.

Ce phé­no­mène est inter­pel­lant car pou­voir tout igno­rer d’une réa­li­té que l’on vit dans son corps, voi­là qui peut sur­prendre, inter­ro­ger et même par­fois choquer.

En effet, com­ment une femme peut-elle vivre tant de mois de gros­sesse en igno­rant la pré­sence d’un foe­tus dans son corps, alors que d’importantes modi­fi­ca­tions phy­siques sont atten­dues pen­dant cette période ? Com­ment l’entourage, et même par­fois cer­tains pro­fes­sion­nels de la san­té, peuvent-ils par­ti­ci­per au main­tien de ce déni ?

De notre côté, nous avons été inter­pel­lées et tou­chées par ce phé­no­mène, sou­vent abor­dé avec des pré­ju­gés. En effet, nous nous sommes ren­dues compte que ce sujet n’est pas suf­fi­sam­ment trai­té et connu par les pro­fes­sion­nels de la santé.

Cette situa­tion n’est pas sans consé­quence sur la san­té men­tale et phy­sique tant de la mère que de l’enfant. Cela peut entraî­ner un impact sur la rela­tion mère-enfant qui n’est pas à négli­ger. Puisque ces gros­sesses sont niées, elles sont jusqu’à un cer­tain point non sui­vies, ce qui repré­sente un dan­ger obs­té­tri­cal et psy­cho­lo­gique pour le dérou­le­ment de la gros­sesse, de l’accouchement et du post-partum.

Toutes ces obser­va­tions, consta­ta­tions, nous ont ame­nées à orien­ter notre étude sur la ques­tion suivante :

« Quelle atti­tude la sage-femme adopte-t-elle en post-partum, dans le pro­ces­sus d’interactions pré­coces mère-enfant, quand il y a eu déni de grossesse ? »

Il nous paraît impor­tant en tant que pro­fes­sion­nelles, d’être sen­si­bi­li­sées à ce sujet de san­té publique, afin d’effectuer une meilleure prise en charge, plus par­ti­cu­liè­re­ment en post-partum, de ce couple mère-enfant né d’un déni de grossesse.

Nous nous sommes pen­chées sur cette ques­tion, en réunis­sant ce qui avait été écrit sur ce sujet et en inter­vie­want des sages-femmes ayant ren­con­tré ces situations.

Après avoir ten­té, dans une pre­mière par­tie, de défi­nir le déni de gros­sesse nous nous sommes inté­res­sées à ses aspects épidémiologiques.

Nous avons ensuite étu­dié la psy­cho­lo­gie de la mater­ni­té pen­dant la gros­sesse ain­si que les méca­nismes d’installation des inter­ac­tions pré­coces mère-nourrisson en post-partum dans une situa­tion physiologique.

Puis, nous nous sommes attar­dées sur la psy­cho­pa­tho­lo­gie du déni de gros­sesse avant de don­ner la parole aux sages-femmes, dans une deuxième partie.

Cette deuxième par­tie va nous per­mettre d’apprécier l’attitude des sages-femmes sur le ter­rain et d’établir une dis­cus­sion et des pistes de réflexions concer­nant notre future pratique.


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