La mission d’information sénatoriale sur l’avenir de la santé périnatale et son organisation territoriale a publié la semaine dernière les résultats d’un sondage effectué à sa demande par l’institut CSA auprès d’un millier de femmes dont les trois quarts ont déjà accouché. Le CIANE se réjouit de cette publication dont les résultats sont très convergents avec ceux obtenus dans les différentes enquêtes menées par le CIANE, et notamment la dernière conduite en 2021 en partenariat avec Santé Publique France (SPF).
Ce sondage met en évidence des éléments positifs : 93% des femmes sont satisfaites de la prise en charge pendant la grossesse ; 88% estiment que leur accouchement s’est bien passé — même si 28% ont des regrets à ce sujet — et 97% qu’il en est de même pour le suivi de leur bébé.
Il confirme que, de manière prévisible, proximité et qualité des soins sont les deux critères principaux qui interviennent dans le choix d’une maternité. Un peu plus de la moitié des femmes déclarent que si elles ont le choix, elles préfèreraient faire plus de 30 minutes de trajet pour accoucher dans une maternité de type 2 ou 3 plutôt que d’accoucher à proximité dans une maternité de type 1, ce qui semble augurer d’une réception acceptable de l’éventuelle fermeture d’un certain nombre de maternités de proximité. Attention cependant : 44% des femmes choisiraient la proximité, ce qui n’est pas rien ; de plus, l’enquête CIANE-SPF de 2021 a montré que l’absence de choix va de pair avec un vécu d’accouchement dégradé et s’accompagne d’un moral en berne dans les premiers mois après l’accouchement davantage que pour les femmes qui ont eu le choix.
Si le choix entre plusieurs lieux d’accouchement devient de moins en moins possible, alors il faut introduire du choix à l’intérieur des maternités, c’est-à-dire développer des filières physiologiques, ouvrir les plateaux techniques à des sages-femmes libérales, permettre l’adossement de maisons de naissance aux maternités qui subsistent, voire même mettre en place en partenariat avec la maternité une organisation en réseau efficace permettant d’accoucher à domicile en toute sécurité. Tout ceci n’empêche pas, bien au contraire, de développer un accompagnement personnalisé et de proximité avant et après l’accouchement comme le préconise la présidente de la mission sénatoriale dans le communiqué présentant des résultats du sondage.
Le sondage met aussi en évidence – comme le répète le CIANE depuis des années – l’insuffisante attention portée au post-partum et notamment à l’état mental des femmes : 50% des répondantes ayant accouché entre 2022 et 2024 disent avoir ressenti une dégradation de leur santé mentale après leur accouchement. Dans l’enquête CIANE-SPF de 2021, 44% des primipares ayant accouché hors période Covid disent s’être senties souvent ou tout le temps tristes dans les deux premiers mois après l’accouchement, 35% avaient fait ou pensaient avoir fait une dépression du post-partum. Dans ce contexte, il serait tout à fait regrettable que le financement du dispositif 1000 jours Blues ne soit pas pérennisé. Plus généralement, la prise en compte de la santé mentale des femmes enceintes ou ayant accouché devrait être un objectif majeur des politiques de santé périnatale.
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