Nous avons reçu quelques com­men­taires qui sem­blent témoign­er d’une rel­a­tive incom­préhen­sion de notre démarche d’in­for­ma­tion en ce qui con­cerne le coro­n­avirus. Soyons plus explicites.

Nous avons con­tac­té cer­taines des équipes qui ont pris des mesures restric­tives sur la présence de l’ac­com­pa­g­nant ou envis­agent de le faire. Elles parta­gent notre inquié­tude pour les mères qui accoucheront ain­si sans leur con­joint et s’en­ga­gent à met­tre tout en œuvre pour les soutenir dans ces con­di­tions difficiles.

Mais face au manque de moyens et de lits de réan­i­ma­tion, face à l’ex­plo­sion des per­son­nes atteintes et des besoins en res­pi­ra­teurs, face à l’ap­pari­tion de cas graves chez des per­son­nes jeunes, dont des femmes enceintes ou en post-par­tum immé­di­at, ces équipes veu­lent absol­u­ment lim­iter la pro­gres­sion du virus. Les infec­ti­o­logues esti­ment que cela passe par une réduc­tion dras­tique des flux de per­son­nes dans les hôpi­taux et la mise en place de mesures bar­rières bien plus strictes que celles prônées pour la pop­u­la­tion générale. L’ab­sence d’ac­com­pa­g­nant, pour toutes les spé­cial­ités médi­cales, n’est qu’un des points du dispositif.

L’ob­jec­tif de ces mesures est double :

- lim­iter le plus pos­si­ble l’ap­pari­tion de malades rel­e­vant de la réan­i­ma­tion. Car l’aug­men­ta­tion des besoins en réan­i­ma­tion néces­sit­era de renon­cer à intu­ber des patients de moins en moins âgés pour sauver des plus jeunes (ce qui est déjà par­fois le cas pour les patients de plus de 70 ans)

- lim­iter le nom­bre de soignants malades, car ils sont indis­pens­ables pour soign­er la pop­u­la­tion atteinte.

En tant que femmes et mères, tra­vail­lant depuis près de 20 ans à amélior­er les con­di­tions de nais­sance, nous sommes nous aus­si extrême­ment sen­si­bles au sort des cou­ples con­cernés et très soucieux de leur vécu. Nous sommes d’ailleurs en train d’or­gan­is­er un sys­tème d’é­coute qui leur sera des­tiné. Mais nous ne voyons pas, dans les con­di­tions actuelles, com­ment deman­der aux équipes autre chose que ce qu’elles sont en mesure de fournir.

Aus­si, nous  pro­posons à nos détracteurs/trices de con­tac­ter directe­ment les respon­s­ables de ces équipes. Qu’ils/elles leur pro­posent, comme nous l’avons fait, de dis­cuter de ce qui est pos­si­ble, selon la réal­ité de ce que les équipes vivent actuelle­ment. S’ils/elles sont capa­bles de faire évoluer la sit­u­a­tion, nous nous en réjouirons. De notre côté, dans cette péri­ode très chargée, nous seri­ons heureuses d’avoir un relai pour traiter de ces ques­tions com­plex­es et difficiles.

Les pro­fes­sion­nels de san­té exerçant en péri­na­tal­ité font par­tie des soignants qu’une par­tie de la France applau­dit chaque soir à 20h depuis plusieurs jours.
  • Ceux qui depuis plusieurs semaines ne comptent pas leurs heures pour main­tenir l’ac­cueil des patients “habituels” et les vic­times du covid19 tout en réor­gan­isant les ser­vices et les pro­to­coles afin d’as­sur­er la sécu­rité des patients et la leur.
  • Ceux qui ne peu­vent être con­finés auprès de leur famille mais qui au con­traire doivent chaque jour être au plus près de ce virus qui a mis la France voire le monde à l’ar­rêt. En prenant chaque jour le risque d’être à leur tour con­t­a­m­iné et de con­t­a­min­er leurs proches.
  • Qui se bat­tent con­tre un enne­mi minus­cule, invis­i­ble, sans avoir suff­isam­ment d’équipements et de per­son­nel qualifié.
Faisons preuve d’un peu d’hu­mil­ité et de com­péhen­sion dans ces circonstances.

Image par matt­the­waf­fle­cat de Pix­abay