Suite à la divulgation sur les réseaux sociaux des propos tenus par le SYNGOF à ses adhérents consistant à les mettre en pré-alerte sur une action collective visant à faire chanter les autorités en restreignant le droit d’accès aux femmes à l’IVG, le Ciane a envoyé un courrier au Conseil National de l’Ordre des Médecins :
M. le Président, M. le responsable Ethique et déontologie du CNOM,
En tant qu’association agréée pour la représentation des usagers, nous tenons à vous interpeller sur le fait suivant :
Dans un email envoyé mardi 12 mars en interne, le SYNGOF informe ses adhérents des moyens qu’il propose de mettre en œuvre s’il n’arrive pas à se faire entendre sur le dossier de la protection du fonds FAPDS. Il s’agit tout simplement de la menace d’arrêter la pratique des IVG. Bref, un chantage odieux dans lequel les femmes sont prises en otage.
Morceaux choisis :
“Dans la situation très dangereuse qui est la nôtre nous devons faire scandale et être prêt à arrêter la pratique des IVG pour nous faire entendre.
(…) Préparez-vous donc à ce que le syndicat vous donne l’ordre d’arrêter les IVG si la Ministre de la santé refuse de nous recevoir. ”
Utiliser les femmes comme boucliers humains, c’est quand même une ressource qu’on a trop tendance à oublier, vous ne trouvez pas ?! Nous ne doutons pas de l’importance de cette question du Fonds, mais quel est le circuit neuronal qui conduit des personnes ayant atteint ce niveau d’études (bac+11 tout de même) à une telle proposition ?
Pourquoi ne pas envisager la grève ? Sommes-nous bêtes! La grève impose, dans le milieu médical, la mise en place d’une organisation spécifique avec la garantie d’un service minimum. Le SYNGOF cible ici une activité, et pas n’importe laquelle : ses adhérents pourraient toutes et tous appliquer leur clause de conscience et là, de réquisition, il n’en sera pas question.
Ce n’est pas la première fois que ce syndicat revient sur la question de l’IVG. Après que son président l’ait assimilée à un homicide, il se propose tout simplement d’en entraver (provisoirement) l’accès. Ce qui est très curieux d’ailleurs, car le 28 septembre dernier, ce syndicat réaffirmait son soutien indéfectible au droit des femmes à avorter. Visiblement, la cohérence ne fait pas partie des priorités du Syngof.
Et déontologiquement, est-il possible pour des médecins de laisser planer une telle menace sur les femmes, lorsqu’on se targue de surcroît d’être un acteur essentiel à leur santé ?
Nous espérons que vous saurez prendre les mesures qui s’imposent et faire respecter ce droit fondamental des femmes. Au-delà d’une condamnation des propos tenus par communiqué qui ne contraint en rien les promoteurs de cette mesure, nous demandons des mesures concrètes à l’encontre de celles et ceux qui sont à l’origine d’une telle idée.
Dans l’attente de vos actions à ce sujet, veuillez croire, Messieurs, en l’assurance de notre considération.
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