Les recom­man­da­tions pub­liées en 2007 par la HAS exclu­aient fer­me­ment le recours à l’expression abdom­i­nale, manœu­vre pour laque­lle n’existe aucune indi­ca­tion médi­cale­ment validée, de sur­croît sus­cep­ti­ble d’entraîner des com­pli­ca­tions graves.

Qu’en est-il 7 ans après? Aucune enquête de pra­tique n’ayant été réal­isée, nous avons décidé de dress­er un état des lieux en nous appuyant sur l’enquête Ciane lancée en févri­er 2011 et qui totalise à ce jour 16998 répons­es, dont 14300 depuis 2008. En effet, l’enquête com­por­tait une ques­tion libel­lée de la manière suiv­ante: “Vous a‑t-on appuyé sur le ven­tre afin d’aider l’expulsion du bébé (expres­sion abdominale)?”

Plusieurs con­stats peu­vent être faits :

  • L’expression abdom­i­nale est beau­coup plus util­isée pour les prim­i­pares que pour les mul­ti­pares (33% / 14% en 2013). Notons que les recom­man­da­tions ont entraîné une baisse du taux pour les prim­i­pares (39,8% en 2007 / 31,3% en 2008), pas pour les mul­ti­pares.  Glob­ale­ment, le taux glob­al se main­tient en 2013 à 22% (±3,5%).
  • Le taux d’extraction instru­men­tale est resté à peu près sta­ble depuis 2005 : la baisse de l’expression abdom­i­nale n’a pas entraîné de recours plus impor­tant à l’extraction instru­men­tale.
  • Le taux d’expression abdom­i­nale est forte­ment cor­rélé au statut des étab­lisse­ments: plus de 10% sépar­ent les étab­lisse­ments privés (38% d’expression abdom­i­nale en niveau 1) des étab­lisse­ments publics (25% d’expression abdom­i­nale en niveau 1).
  • On note enfin que la mobil­ité et la lib­erté de posi­tion pen­dant le tra­vail et l’expulsion sont asso­ciées à un moin­dre recours à l’expression abdom­i­nale, alors qu’à l’inverse la péridu­rale est asso­ciée à un dou­ble­ment du recours à l’expression abdom­i­nale. Ces cor­réla­tions sont cepen­dant dif­fi­ciles à inter­préter en l’absence d’investigation complémentaire.

Du côté des par­ents, on remar­que que:

  • Le con­sen­te­ment n’a été demandé que dans 18% des cas, en con­tra­dic­tion fla­grante avec les droits des patients
  • Ce geste est asso­cié à un sen­ti­ment de vio­lence à l’encontre de l’intégrité cor­porelle et est donc très mal vécu par les femmes ; il s’accompagne dans un cer­tain nom­bre cas de réels trau­ma­tismes physiques.

En con­séquence de ces con­stats, le Ciane demande:

  • que les étab­lisse­ments, et tout par­ti­c­ulière­ment les étab­lisse­ments privés, revoient leurs pra­tiques rapi­de­ment pour les met­tre en accord avec les recom­man­da­tions de la HAS ;
  • qu’au cas où une expres­sion abdom­i­nale doit, du point de vue des soignants, être effec­tuée, que la femme soit infor­mée loyale­ment des risques asso­ciés à cette pra­tique et que son con­sen­te­ment soit effec­tive­ment demandé ;
  • que, dans une optique de préven­tion de l’expression abdom­i­nale, des inves­ti­ga­tions soient entre­pris­es pour clar­i­fi­er le rôle de la mobil­ité, du choix des posi­tions, de la péridu­rale sur le déroule­ment de la deux­ième phase de l’accouchement.
La dif­fu­sion de l’en­quête auprès des femmes est réal­isée en parte­nar­i­at avec le mag­a­zine Par­ents.
Un arti­cle sur ce thème est pub­lié dans le numéro du mag­a­zine en kiosque le 11 mars.
 
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