L’épisiotomie, inci­sion pra­tiquée dans le périnée pour faciliter la sor­tie du bébé, est un sujet de mobil­i­sa­tion pour le Ciane depuis sa créa­tion en 2003. En 2005, le Col­lège nation­al des gyné­co­logues obstétriciens français (CNGOF) pub­lie des recom­man­da­tions dans lesquelles il prend acte qu’il n’y a pas d’indications prou­vées à l’épisiotomie sys­té­ma­tique et pro­pose de vis­er un taux glob­al de 30% d’épisiotomies au lieu des 47% con­statés à l’époque. Huit ans après ces recom­man­da­tions, qu’en est-il de la pra­tique de l’épisiotomie en France et com­ment les femmes la vivent-elle?

Notre étude, qui repose sur 9783 accouche­ments par voie basse dont 6300 depuis 2010, atteste de l’effort fait par la com­mu­nauté médi­cale pour mod­i­fi­er ses pra­tiques : le taux d’épisiotomie s’établit à 30% sur la péri­ode 2010–2013 (47% pour un pre­mier accouche­ment, 16% pour les suiv­ants). En out­re, les femmes s’es­ti­ment mieux infor­mées sur cet acte, même si, dans 85% des cas, le con­sen­te­ment n’est tou­jours pas demandé.

 

Un cer­tain nom­bre d’autres résul­tats sont à relever :

  • le recours à l’épisiotomie est très sen­si­ble­ment moin­dre dans les espaces phys­i­ologiques ou salles nature [note1] (31% des prim­i­pares au lieu de 47%) ;
  • l’extraction instru­men­tale (for­ceps, ven­touse) qui con­cerne 30% des prim­i­pares est asso­ciée à des taux élevés d’épisiotomie (70% des prim­i­pares avec extrac­tion instru­men­tale) quoiqu’en baisse depuis 2005 ;
  • la lib­erté de mou­ve­ment et de posi­tion durant l’accouchement est asso­ciée à un taux d’épisiotomie plus faible (29% des prim­i­pares qui ont toute lib­erté, con­tre 56% si elles n’ont aucune liberté) ;
  • trois femmes sur qua­tre ayant eu une épi­siotomie dis­ent en avoir souf­fert et par­mi elles, 61% en ont souf­fert plus d’une semaine. Cette pro­por­tion est plus impor­tante en cas d’extraction instrumentale.

 

Ces dif­férents con­stats nous amè­nent à for­muler un cer­tain nom­bre de récla­ma­tions et pré­con­i­sa­tions qui concernent :

  • Le con­sen­te­ment : nous deman­dons des mesures pour que la demande de con­sen­te­ment soit effec­tive et respec­tée pour toutes les femmes, en accord avec la loi de 2002 sur les droits des patients qui pré­cise qu’ “aucun acte médi­cal ni aucun traite­ment ne peut être pra­tiqué sans le con­sen­te­ment libre et éclairé de la per­son­ne” (L‑1111–4 du code de la san­té publique).
  • La trans­parence de l’information : seuls des étab­lisse­ments dont les taux sont en dessous de la moyenne pub­lient leur taux. Nous deman­dons aux pou­voirs publics d’organiser la pub­li­ca­tion des taux d’épisiotomie, de manière à informer les femmes et à encour­ager les étab­lisse­ments à amélior­er leurs pratiques.
  • Une redéf­i­ni­tion du taux max­i­mal admis­si­ble : la moyenne nationale a main­tenant atteint le taux max­i­mum qui était l’objectif fixé en 2005 par le CNGOF. Cer­tains étab­lisse­ments ayant des taux de l’ordre de 10% en France, nous deman­dons l’abaissement du taux vers lequel les étab­lisse­ments doivent tendre.
  • L’amélioration des pra­tiques asso­ciées à l’extraction instru­men­tale afin de dimin­uer le recours à l’épisiotomie.

L’enquête réal­isée par le Ciane est dif­fusée en parte­nar­i­at avec Parents.
Une présen­ta­tion de ce dossier est disponible dans le numéro en kiosque le 8 novembre

Notes

[1] accouche­ments dans des étab­lisse­ments déclarant pro­pos­er une telle approche de type “salle nature” ET pour lesquels les femmes ont déclaré avoir “démar­ré [le tra­vail] dans un espace par­ti­c­uli­er de l’étab­lisse­ment (espace / pôle phys­i­ologique; mai­son / pavil­lon de nais­sance)”.

 

Pour en savoir plus

Télécharg­er le dossier tiré de l’enquête Ciane Epi­siotomie: Etat des lieux et vécu des femmes (cli­quer ici)

Télécharg­er le com­mu­niqué de presse en pdf (cli­quer ici)

Pour répon­dre à l’enquête Ciane

 http://questionnaire.ciane.net/