Résultats d’une enquête du Ciane auprès de 8500 femmes
Le système de soins français favorise-t-il le bien-être maternel ou, au contraire, l’insécurité des femmes? Dans le cadre d’une convention avec Santé Publique France, le CIANE a initié un questionnaire dont les réponses permettent de proposer des pistes de compréhension et d’amélioration. Entre le 1er janvier et le 30 juin 2021, plus de 8500 réponses ont été récoltées concernant des grossesses survenues entre 2016 et 2021.
Cette enquête a permis de mettre en évidence un certain nombre de difficultés qui conduisent à l’insécurisation des femmes et qui concernent aussi bien la grossesse que l’accouchement, les suites de couches et le retour à la maison.
Ces constats nous ont amenés à 11 préconisations principales :
Information
- Créer pour les maternités une obligation de mise à disposition d’un choix d’indicateurs permettant de décrire leurs pratiques.
- Créer un annuaire en ligne des professionnels assurant le suivi de grossesse.
- Revoir les documents d’information sur les droits et les démarches en y associant des représentant(e)s des usagères et usagers.
Offre de soins
- Cours de préparation à la naissance et à la parentalité : prévoir une ou deux séances remboursées à destination des partenaires ; ajouter deux séances en postnatal pour répondre aux interrogations des femmes.
- Prise en considération du vécu de l’accouchement : prévoir et financer un temps d’échanges et d’analyse de l’accouchement avec les professionnel(le)s de suites de couches ; rendre effectif le recours prévu à un(e) psychologue pour tout accouchement traumatique ou mal vécu.
- Généraliser l’accueil des pères en maternité 24h sur 24.
- Permettre et financer l’ajustement aux besoins des femmes du nombre de visites par les sages-femmes libérales après la sortie de maternité.
- Soutenir la diversification des pratiques : naissance physiologique dans les hôpitaux, maisons de naissance, accouchement à domicile.
Formation et sensibilisation
- Professionnels : développer des modules de formation initiale et continue sur respect, consentement, bientraitance.
- Parents : encourager et faciliter la participation aux cours de préparation à la naissance, notamment pour les partenaires ; encourager les partenaires à prendre leurs congés dans les premières semaines après la naissance.
- Entreprises : les sensibiliser à l’importance des congés de paternité dans les premières semaines après la naissance.
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Anténatal : une période de stress redoublée par la complexité des parcours
NOS CONSTATS La période de la grossesse est une période d’insécurité pour bien des femmes, notamment en raison des craintes de fausse couche, d’accouchement prématuré ou de malformation fœtale. Cependant le parcours de soin génère de nombreuses préoccupations additionnelles ; sont en cause: * la difficulté à identifier un(e) professionnel(le) pour le suivi, * la complexité des aspects administratifs, l’absence de choix concernant le lieu d’accouchement (maternité éloignée, pas d’offre d’accouchement à domicile ou en maison de naissance), * et le manque de respect de la part des professionnel(le)s. | QUELQUES CHIFFRES 25% des primipares et 15% des multipares ont été stressées par la recherche d’un professionnel pour le suivi de grossesse. Un tiers des primipares et un quart des multipares éprouvent des difficultés à comprendre leurs droits et les démarches administratives à accomplir. 3 femmes sur 10 n’ont pas eu le choix de leur lieu d’accouchement et cela retentit négativement sur leur expérience. Femmes qui se sont senties non respectées : 6% toujours ou souvent ; 33% parfois. |
Nos propositions
Information | Mettre en place, via Ameli, un repérage simple et efficace des professionnel(le)s assurant le suivi de grossesse.Améliorer la lisibilité des informations sur les aspects administratifs. |
Offre de soins | Soutenir la diversification de lieux et des pratiques : naissance physiologique dans les hôpitaux, maisons de naissance, accouchement à domicile. |
Formation | Développer des modules de formation initiale et continue sur respect, consentement, bientraitance. |
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Accouchement : importance de l’information et de la préparation
NOS CONSTATS Plus d’un quart des femmes disent avoir plutôt mal ou très mal vécu leur accouchement. En dehors des problèmes affectant leur santé ou celle de l’enfant à naître et les contraintes exercées sur la femme, trois éléments jouent un rôle sur ce vécu : * le fait d’avoir suivi une préparation à la naissance et la participation du partenaire à cette préparation ; * la concordance entre les conditions réelles d’accouchement et l’information reçue au préalable ; * le respect et la bienveillance de l’équipe soignante. | QUELQUES CHIFFRES 24% des primipares qui n’ont pas suivi de préparation ont très mal vécu leur accouchement contre 14% de celles qui ont suivi une préparation. La non-participation des partenaires à la préparation entraîne déception, conflit ou stress pour environ 20% des femmes. Près de 70% des femmes qui déclarent que ce qu’elles ont vécu était différent de ce qu’elles croyaient ont vécu pas du tout bien ou plutôt pas bien leur accouchement, alors qu’elles ne sont que 12% pour celles dont les attentes étaient conformes à la réalité. |
Nos propositions
Information | Créer l’obligation pour les maternités de rendre publics un ensemble d’indicateurs sur leurs pratiques. |
Offre de soins | Encourager et faciliter la participation aux cours de préparation à la naissance. Mettre en place des séances de préparation spécifiquement adaptées aux partenaires. |
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Séjour à la maternité : un accompagnement largement perfectible
NOS CONSTATS Le séjour à la maternité est source de frustrations multiples : * insuffisance d’attention portée à la femme notamment sur le plan psychologique * sur-attention portée au poids du bébé qui génère un stress additionnel ; * insuffisance d’accompagnement dans les soins au bébé ; * séparation d’avec le partenaire. | QUELQUES CHIFFRES 50 % des femmes notent un manque d’attention de l’équipe soignante concernant leur état émotionnel et psychologique 4 primipares sur 10 souhaiteraient être mieux accompagnées dans les soins à leur enfant. La moitié des femmes n’ont pu échanger sur le déroulement de leur accouchement et pensent que cela aurait pu leur être utile50% des primipares 42% des multipares pensent que cela aurait pu leur être utile de voir un ou une psychologue à la maternité |
Nos propositions
Offre de soins | Inclure un temps d’écoute et de debrief dans les missions des soignants.Être en mesure de proposer à toutes les femmes ayant eu un accouchement traumatique ou mal vécu un temps d’échange avec un(e) psychologue. |
Offre de service | Rendre possible la présence en maternité du partenaire, y compris la nuit. |
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Retour à la maison : une période difficile pour toutes les femmes
NOS CONSTATS Face au désarroi de beaucoup de femmes au retour à la maison, les visites de sages-femmes à domicile constituent une amélioration notable. Cependant les femmes manquent d’information et d’accompagnement pour surmonter leurs difficultés notamment sur la gestion des pleurs et l’allaitement. La période COVID a permis de voir que la présence du partenaire constitue un soutien appréciable | QUELQUES CHIFFRES Un tiers des femmes se sentent seules, la moitié ressentent un manque de soutien, 30 à 40% éprouvent du découragement, de 25 à 30% ont le sentiment d’avoir été en dépression dont un quart ont été diagnostiquées. Un tiers des femmes disent ne pas avoir reçu d’informations sur la récupération physique après l’accouchement. La moitié des femmes disent ne pas avoir reçu d’informations concernant d’éventuels changements de leur état psychologique après l’accouchement. Seules 22% des femmes avant Covid et 32% en période Covid savaient qui contacter en cas de difficultés psychologiques. Un gros quart des primipares considèrent qu’elles n’avaient pas assez d’informations concernant leur vie avec leur enfant (comment s’en occuper, sa santé, son développement). |
Nos propositions
Offre de soins | Ajuster le nombre de visites de la sage-femme à domicile aux besoins des femmes. Dans le cadre de la préparation à la naissance et à la parentalité, ajouter deux séances en post-natal pour permettre de répondre aux interrogations des femmes et favoriser les échanges entre pairs. |
Sensibilisation | Encourager les partenaires à prendre leurs congés et à le faire dans les premières semaines après la naissance. Sensibiliser les entreprises à cette question pour lever les freins à la prise de congés. |
Ces constats et propositions sont très intéressantes. Elles reflètent bien ce que nous constatons dans notre pratique et ont l’avantage de proposer des solutions concernant l’organisation globale de l’accompagnement aussi bien au niveau institutionnel, que de la prise en charge par la SECU de séances pré et post natales, de consultions de debriefing et de psychologue ou de la formation au lieu d’être juste une critique des professionnels de santé.
J’y vois malheureusement un obstacle principal : l’inégalité de répartition des professionnels sur le territoire et le manque de professionnels en général. Ajouter des consultations pré et post natales, des séances de reprise de l’accouchement ou de soutien psychologique là où il y a pénurie de professionnels paraît difficile. Mais c’est aussi pour ça que votre enquête est importante car c’est un moyen de pousser les institutions a prendre en main encore une fois le problème des déserts médicaux. Pour les équipes qui ont la chance de travailler dans de bonnes conditions cela nous oblige à nous remettre en cause pour proposer le meilleur accompagnement possible aux femmes et aux conjoints
Merveilleux !! Merci pour cet immense travail. En espérant que le CIANE sera écouté et suivi… ce qui n’est jamais gagné quand il s’agit de la condition des femmes et des enfants.
Importance de la préparation, oui MAIS quelle préparation ?
J’ai reçu une préparation d’un cabinet de SF ne donnant aucune confiance mais nous soumettant au système. Conséquence ? Des violences obstétricales. Un gros trauma.
Une préparation, oui. Oui pour donner confiance en nos capacités à accoucher. Oui pour donner la définition du consentement. Oui pour nous expliquer nos droits. Oui pour nous donner la définition des violences obstétricales et ainsi pouvoir les identifier.…
En effet le suivit psychologique de la mère est totalement négligé, mon bébé va avoir 2mois je suis sous anxiolytiques pour m’aider à ne pas sombrer et vois bientôt une psychologue parce que je veux m’en sortir. Accouchement difficile et allaitement impossible et mal vécu. Nous ne sommes aucunement préparées aux changements psychologiques que l’accouchement et la maternité engendre et c’est bien dommage!!
et bien développons l’accompagnement à la naissance et à la parentalite en pleine conscience selon le
programme MBCP de Nancy Bardacke , il integre dans le cursus tous ces aspects
progarmme soutenue par Sante publique France et ihab et inclus les partenaires dans les 9 séances de 2:30 en prénatal et 1 seance en postnatal
nous avons de bons outils pour accompagner correctement les femmes enceintes , les couples et le début de parentalite qui permettent aux femmes et à leur conjoints de retrouver leur souveraineté et de il faut juste un peu plus de bonne volonte .UN Diplome d’Université :prévention , périnatalité et pleine conscience à l’ufr de sciences humaines et sociales du centre pierre jamais à METZ pR Tarquinio prevoit cet enseignement
BeatriceV Gynecologue Obstétricienne , titulaire de ce diplome et instrucrice MBCP
Que dire…
Une deuxième grossesse, 10 ans après la première, 14 SA et déjà un ras le bol de ce “parcours de soins”.
Un médecin du travail qui vu par hasard en début de grossesse m’informe qu’il faut que je refasse un DT POLIO, c’est systématique pendant la grossesse. Elle me le prescrit, je vais le chercher à la pharmacie ou l’on me dit qu’on peut me le faire sur place, bon pourquoi pas, je leur précise quand même que je vois la gynécologue deux jours après et qu’elle peut me le faire… On me pique. Je vois la gynécologue deux jours plus tard, je lui en parle, catastrophe ça se fait au 7eme mois de grossesse pour que le fœtus ait les anticorps à la naissance ! C’est sur qu’à 2,5 mois de grossesse je dois avoir un ventre qui ressemble à 7… Merci la pharmacie, merci le médecin du travail, sachant que personne n’est capable de me dire si l’on peut me refaire le vaccin en fin de grossesse comme je viens de l’avoir… Ni la gynécologue, ni les pharmaciens… Je dois surement deviner toute seule…
T1 passée, les marqueurs sériques reviennent à 1/800, la gynéco trouve malin de me laisser le message sur mon répondeur un vendredi soir, sans possibilité de rappel le lendemain… forcément… je patiente jusqu’au lundi, j’appelle les secrétaires, rdv vendredi, mais comment ça vendredi ? Pour deux pauvres formulaires de consentements je dois attendre la semaine, plus 10 jours de résultats ? Sachant que je l’ai vu en consultation il y a 10 jours ? “C’est ça ou rien Madame”. Et bien ce sera rien.
Terminé. Plus de vaccin, plus d’examen. Il faut arrêter à un moment donné de nous créer des stress pour ne pas être capable d’y répondre derrière.…
Je vous passe le diagnostic de diabète gestationnel, ou je dois me piquer le doigt 6 fois par jour en attendant un rdv diabéto, alors que les résultats reviennent normaux sur l’appareil.…
Ma foi…
Et tout ça sur Dijon, ce n’est quand même pas la campagne profonde je crois…
Déplorable.
Bonjour Madame,
En effet, beaucoup d’alertes qui créent des angoisses. Sachez qu’ils doivent vous expliquez tout acte (interêt, alternatives, etc..) et doivent obtenir votre accord pour ces examens. Quand au vaccin DTPolio, ce medecin du travail aurait en effet pu mettre ses connaissances à jour. En l’état, non, pas de rappel à faire pendant la grossesse. N’hésitez pas à prendre tous les renseignements avant de laisser faire ces examens et interventions, vous avez le temps à chaque fois, ils ne peuvent pas vous presser ainsi. Bonne grossesse à vous