Gilles Gaebel
Pour : mperez(arobase)lefigaro.fr
cc : cpetitnicolas(arobase)lefigaro.fr
A l’attention de Mme Martine PEREZ
Bonjour Madame,
Le CIANE (1), dont je suis un des porte-paroles, n’a pas voulu prendre part à chaud au débat émotionnel sur l’affaire des foetus de l’hôpital St-Vincent-de-Paul.
En tant que collectif d’associations de femmes et de parents dont la réflexion et l’action se fait depuis 2003 autour du thème de la Naissance et la Périnatalité, nous avons bien-sûr des positions précises sur les questions d’éthique en relation avec l’activité médicale.
Nous nous serions gardé de toute réaction publique, si vos articles du 05 août dernier (voir annexe) n’avaient pas relancé le débat, suite aux propos et attitudes de certains des personnes que vous avez interviewées, notamment Mr Israel NISAND :
Il n’y a pas eu selon lui “atteinte à la dignité humaine”.
Cet avis, qu’il partage avec “lui-même”, nous semble inexact. Il serait bon de rappeler que Conseil Constitutionel, consulté lors du projet de Loi Bioéthique en 1994, a clairement indiqué que l’information dûe à la personne relevait du respect de sa dignité !
Que nous sachions, non seulement l’information sur la conservation des foetus n’aurait pas été faite, mais il n’y aurait pas eu consentement, et plus grave, il n’y a pas eu respect de la volonté des parents dans certains cas.
Que l’autopsie de foetus ait permis de faire avancer les connaissances et progresser la médecine est incontestable… et positif.
Mais la “fin ne justifie pas tous les moyens”, et ces recherches doivent être faites en toute transparence et avec l’accord explicite des intéressés.
Nous ne sommes plus au XIXe ou au XXe siècle, époques de pionniers mais au XXIe siècle, où les règles morales et les lois ont changé, notamment grâce à la loi du 04 mars 2002 qui consacre la primauté de l’information et de l’accord éclairé du patient.
Nous percevons ici toute la dichotomie entre les valeurs véhiculées par une partie du corps médical et celles portées par les citoyens en particuliers (les “patients ordinaires”) et la société civile en général.
Ce qui ne choque pas les uns peut émouvoir les autres. La différence aujourd’hui, c’est que le consentement éclairé du patient a une valeur légale. A nous de le faire respecter, d’où notre réaction.
Nous vous serions reconnaissants de bien vouloir porter ces lignes à la connaissance de vos lecteurs.
En vous remerciant par avance pour l’attention que vous témoignerez à l’égard de notre démarche,
Très cordialement,
Gilles Gaebel
Porte-parole du CIANE
(1) Collectif Interassociatif Autour de la NaissancE <http://naissance.ws/CIANE/>