Historique
La couverture assurantielle des sages-femmes pour les accouchements à domicile est depuis de nombreuses années un problème puisque l’organisme de référence des professions de santé (Sous médical devenu MACSF) mais également la médicale de France ne le prennent et ne l’ont peut être jamais pris en charge au moins depuis que l’organisation de la périnatalité a résolument propagé l’idée que la sécurité de la naissance ne pouvait être assurée qu’à l’intérieur d’une maternité.
Seule une association proche des valeurs de la croix Rouge Française (AIAS) continuait à contracter pour le compte de ses adhérents une RC qui incluait le « risque » accouchement à domicile. Cette situation dura jusqu’en 2000. Epoque à laquelle la compagnie qui assurait les adhérents de l’AIAS se désengage totalement. La première urgence de cette association fut de retrouver un assureur.
C’est en mars 2002, qu’une loi impose à chaque professionnel de santé de souscrire une assurance RC. L’objectif est d’apporter une garantie aux victimes des accidents médicaux. Dans le même temps, de nombreuses compagnies d’assurances se désengageaient des « risques » liés au médical en général. Nous assistons alors à un véritable envol des prix. Actuellement les sages-femmes libérales qui pratiquent des accouchements et des échographies sont soumises au chantage scandaleux de rares compagnies qui ont un quasi monopole. Elles doivent souscrire à des prix totalement prohibitifs si elles respectent les honoraires conventionnels.
Certaines qui bénéficiaient d’un accès à un plateau technique se retournèrent vers MACSF et Médical de France qui n’assurent toujours pas les accouchements à domicile. Un peu plus tard, toujours les effets de « l’affaire Perruche » une loi oblige les professions de santé à avoir une RC professionnelle.
Les sages-femmes se retrouvent devant une impasse. En effet elles ne peuvent exercer leur métier sans assurance, et que les assureurs ne veulent pas les assurer ! Les pouvoirs publics ne pouvaient mieux s’y prendre pour interdire sans interdire les accouchements à domicile.
Dès lors, l’ANSFL (Association nationale des sages-femmes libérales) s’engage résolument dans la recherche d’une solution aux côtés de l’AIAS.
Depuis 6 ans nous participons activement, et l’UNSSF nous a rejoint, à la construction d’un organisme qui puisse à la fois répondre à nos besoins professionnels en terme de prévoyance et de RC. Si nous avons choisi de collaborer aux travaux du groupe MUTATION, en entrant dans son CA en 2004, c’est aussi par adhésion à son esprit fondé sur les valeurs d’une économie sociale et solidaire.
Valeurs qui ne font pas perdre pour autant les nécessaires adaptations à un monde très fortement marqué par les préoccupations financières.
Où en sommes nous actuellement ?
L’AIAS, petite association, est confiée depuis plusieurs années au groupe MUTATION qui centralise plusieurs activités. La restructuration du groupe amena déjà de profonds changements. La première étape a consisté à trouver des partenaires solides pour « adosser » l’activité prévoyance, (MIPS et VITALMUT) sans perdre ni autonomie ni spécificité. L’organisme retenu fut la MACIF auquel le groupement « Mutations » est historiquement lié. Il fallait ensuite trouver le partenaire issue du monde de la mutualité française, sur lequel pouvait s’adosser la RC professionnelle jusqu’alors contractée pour ses adhérents par l’AIAS. C’est la SHAM qui est devenu ce partenaire.
La SHAM est une grosse mutuelle (peut-être la plus grosse) qui assurait jusqu’alors les hôpitaux. Récemment elle a décidé de s’ouvrir aux établissements privés puis aux professionnels en individuel, sous certaines conditions (pour exemple celle de n’intervenir que sur un seul plateau technique !). Les ambitions de la SHAM sont claires : ils veulent devenir les premiers sur le territoire de la RC professionnelle médicale.
A la demande de l’AIAS, nous avons participé récemment (AN/UN) à une rencontre avec le directeur général de la SHAM, afin d’exposer le problème particulier de la profession de sage-femme. Il s’agit pour l’AIAS de négocier pour notre compte un contrat de groupe, pour la profession, contrat global qui inclurait l’ensemble de notre activité.
La première étape de notre discussion consiste à leur faire accepter d’envisager un contrat qui inclue l’accouchement, sans que le prix à payer soit totalement prohibitif au regard des tarifs conventionnels actuellement en vigueur.
Il est probable que la prise en charge de la RC pour les sages-femmes pratiquant des accouchements sur plateau technique sera une première étape réalisable prochainement. Nous attendons des propositions globales, raisonnables sans surenchères non motivées.
Il sera probablement difficile de les amener sur la piste des accouchements à domicile. La culture française basée sur la notion de risque, et celle de la sécurité basée sur la prise en charge technique, alimentent la crainte des accouchements à domicile. Nous avons donc bien conscience que nous devrons apporter à la fois des arguments et si possible des preuves pour tenter d’ébranler de telles convictions. C’est ce que nous avons mis en oeuvre lors de cette rencontre, et nous avons eu le sentiment que nos propos ne les avaient pas laissés insensibles.
Nos objectifs au sein du groupe « MUTATION »
Obtenir un contrat de groupe afin de mutualiser le plus possible le coût des assurances de chacun.
Nous n’avons pour le moment aucune garantie sur l’aboutissement à terme d’un contrat qui prenne en considération toutes nos activités. Nous avons, et cela nous paraît très important, la certitude de participer à un travail de fond qui consiste à :
- Créer des groupes d’experts par profession afin d’affiner les besoins spécifiques.
— Constituer une banque de données objectives, sur laquelle nous puissions nous appuyer afin d’évaluer la réalité du risque par profession. Remettre en question des idées fausses et jamais démontrées (pratiques dangereuses)
— Participer à un engagement solidaire qui permette à tous d’être assurés à des tarifs comparables, parce que compensés par la solidarit&eac
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Du côté des parents, quel soutien peuvent-ils nous apporter ?
L’accouchement à domicile est au cœur d’un débat de société, le problème de l’assurance RC ne fait que le souligner. Si les parents se mobilisent pour que leurs attentes soient entendues en matière de périnatalité, l’accouchement à domicile doit pouvoir y avoir sa place.
[…] 3 : http://www.dailymotion.com/video/x1kilqz_accoucher-autrement-le-debat_news 4 : https://ciane.net/blog/2006/11/assurancercdessages-femmesetaccouchementadomicile/ 5 : photo d’illustration issue du site du film Entre leurs mains : […]