Peut-on espérer la fin de l’amniocentèse ? Oui et non.
Oui, si l’on s’intéresse aux travaux de pointe dans le domaine du diagnostic prénatal. Non, si l’on prend en compte l’incapacité des autorités de tutelle à préserver la mise en oeuvre d’un programme de recherche d’un telle importance alors qu’une affaire juridico-politico-commerciale occupe le devant de la scène médiatique… Un article du Panorama du Médecin fait le point sur l’avancement du projet ISET et ce que peuvent attendre les futurs parents des méthodes de diagnostic qu’il mettra à leur disposition.
Vers le premier test sanguin de diagnostic prénatal
Entretien de Chantal Guéniot avec Patrizia Paterlini-Bréchot. Panorama du Médecin N° 5094, 17 mars 2008, pages 28–29.
https://ciane.net/wiki/pmwiki.php?n=Ciane.ArticleIsetPanoramaMedecin
Résumé et commentaires :
Cet article publié dans une revue de professionnels de santé fait le point sur les plus récents travaux de l’équipe Inserm U807, dirigée par Patrizia Paterlini-Bréchot, en collaboration avec les équipes d’Arnold Munnich (Inserm U781) et d’Yves Dumez au CHU Necker-Enfants malades. Les chercheurs ont mis au point une méthode de filtrage (ISET) et de sélection par microscope laser permettant d’isoler, dans un prélèvement sanguin, des cellules qui circulent en de très faibles quantités — quelques unités pour un millilitre de sang.S’il s’agit de cellules tumorales, la méthode ISET peut servir au dépistage de cancer — sans pour cela constituer un diagnostic. Mais l’application la plus prometteuse de ce procédé sera le diagnostic de maladies génétiques par l’analyse de l’ADN de cellules foetales circulant dans le sang maternel. En comparant l’ADN d’une cellule circulante avec ceux du père et de la mère, il est possible de vérifier à coup sûr qu’il s’agit d’une cellule foetale, et donc de pratiquer toutes les analyses nécessaires pour diagnostiquer une maladie chromosomique ou génétique du foetus.Jusqu’ici, un tel diagnostic nécessitait la réalisation d’une amniocentèse, une intervention fortement invasive qui se solde par la perte d’environ 1% des foetus, et qui pour cette raison n’est proposée qu’en cas de forte suspicion de malformation génétique. Des méthodes de dépistage ont été mises au point pour la trisomie 21. Avec l’amniocentèse, les parents sont confrontés à un choix lourd en conséquences : celui d’accepter l’intervention, au risque de perdre un foetus sain, ou de la refuser au risque de voir naître un enfant trisomique. Dans ces conditions, la possibilité de réaliser un diagnostic prénatal sans intervention invasive (à partir d’un simple prélèvement sanguin) sera une avancée considérable pour les parents qui souhaitent anticiper la venue d’un enfant atteint de malformation génétique, indépendamment de leur choix éventuel d’une interruption médicale de grossesse.La méthode ISET s’appliquera à toutes les malformations génétiques que l’on saura détecter à partir un test ADN. Le test a déjà été validé pour la détection de l’amyotrophie spinale.
Fin 2008 il devrait aussi l’être pour la mucoviscidose. Pour ce qui est de la validation technique et clinique du dépistage de la trisomie 21, l’Agence nationale de la recherche (ANR) a octroyé un financement de 600 000 euros pour la poursuite des travaux dans le cadre d’un partenariat public-privé avec la société Métagenex. Or ce projet est au point mort en raison d’un conflit qui oppose Patrizia Paterlini-Bréchot avec Métagenex à propos de la commercialisation de la méthode ISET pour la recherche de cellules cancéreuses dans le sang.Le CIANE est intervenu auprès de tous les acteurs concernés pour demander qu’une solution viable soit mise en place pour la poursuite du projet financé par l’ANR, interrompu pour des raisons qui n’ont rien à voir avec son contenu scientifique. Une telle interruption est scandaleuse en regard des attentes de centaines de milliers de futurs parents chaque année confrontés au problème du dépistage de la trisomie 21.
Toutes les interventions du CIANE sur ce dossier sont restées sans réponse. Ce silence est un véritable déni de la notion de service public de la part des autorités de tutelle de la recherche. Le CIANE invite donc les citoyens et les associations à relancer les responsables de ce gâchis incommensurable.
Voir les liens sur le dossier complet :
http://wiki.naissance.asso.fr/index.php?pagename=DossierISET
Nous rappelons aussi qu’une pétition est en cours pour demander que soit validé le test ISET pour le dépistage du cancer :
http://www.ugict.cgt.fr/nvsite/site/index.php?rubrique=8–100&scriptsuite=oui&numpet=14&script=pagepetition.php
Pour le CIANE,
Bernard Bel, porte-parole du dossier ISET
Autres articles :
Grandeur et misère du dépistage d’anomalies génétiques. Communiqué de presse du CIANE (6 décembre 2006)
https://ciane.net/wiki/pmwiki.php?n=Ciane.GrandeurMisere
Du dépistage au diagnostic non-invasif de la trisomie 21 : état de la recherche et attentes des usagers. Intervention du CIANE à la Journée d’Enseignement Post-Universitaire sur le thème « Santé des femmes, suivi de la grossesse : tests de dépistage » (19 octobre 2007)
https://ciane.net/publications/articles-et-interventions/