(Voir mes­sage de Chris­tiane JEANVOINE)

Madame,

Je fais suite à votre Mail du 1er août dernier au sujet de l’émergence des « doulas » dans le domaine de la péri­na­tal­ité en France.

Vous pré­cisiez, notam­ment, que ce phénomène devait trou­ver une expli­ca­tion dans le fait que les « doulas » venaient combler une place lais­sée vacante par les sages-femmes, lesquelles ont, selon vos pro­pos, « méprisé un tant sans peu » cette place et auraient généré elles-mêmes l’apparition des « doulas » en n’écoutant et ne répon­dant pas à la demande des usagers.

Présen­tées très sou­vent comme l’alternative aux excès de la tech­ni­ci­sa­tion et de la médi­cal­i­sa­tion de la grossesse, les « doulas » seraient donc, selon vous, la réponse aux maux dont souf­fre notre société dans l’accompagnement des femmes enceintes.

Or, si la place et le rôle des « doulas » dans notre société doivent être dis­cutés, le Con­seil nation­al de l’Or­dre des sages-femmes souhaite rap­pel­er que la par­tu­ri­tion est avant tout un phénomène de trans­for­ma­tion phys­i­ologique et psy­chologique majeur qui ne doit pas être pris à la légère et qui peut, dans cer­tains cas, engen­dr­er des drames humains épou­vanta­bles, notam­ment si la femme enceinte ne fait l’objet d’aucun suivi médi­cal adapté.

C’est la rai­son pour laque­lle nous exi­geons des sages-femmes une com­pé­tence qui ne peut être dis­cutée car elles ont une oblig­a­tion de garantie des soins qu’elles don­nent aux patientes et aux nouveau-nés.

Le Con­seil nation­al ne revendique aucune pri­mauté et encore moins un quel­conque priv­ilège quant à la place que doivent tenir la pro­fes­sion de sage-femme et les autres prati­ciens de san­té dans le débat en cours ain­si que dans les con­séquences qui devront en être tirées.

Je rap­pellerai sim­ple­ment que les con­di­tions de la nais­sance ont été con­sid­érable­ment améliorées ces dernières décen­nies grâce, notam­ment, aux pro­grès sci­en­tifiques apportés à la pra­tique de l’obstétrique. Si ces pro­grès occa­sion­nent cer­taines dérives, que nous déplorons naturelle­ment, il n’y a cepen­dant aucune rai­son de rejeter tous les apports de cette évo­lu­tion et, par là même, d’occulter le rôle impor­tant qu’occupent de par leurs com­pé­tences les prati­ciens de la naissance.

Par ailleurs, il est incon­cev­able que les sages-femmes puis­sent favoris­er, voire cau­tion­ner, la présence « d’accompagnatrices à la nais­sance » auprès des femmes enceintes alors que ces dernières n’ont aucune com­pé­tence dans le domaine de la péri­na­tal­ité et dont l’action peut s’avérer préju­di­cia­ble pour la santé.

Enfin, vous reprochez au Con­seil nation­al de l’Or­dre des sages-femmes de n’avoir fait aucune démarche auprès des instances con­cernées pour obtenir une cota­tion spé­ci­fique rel­a­tive à l’accompagnement glob­al à la naissance.

Or, je rap­pelle que le l’Ordre des sages-femmes n’a aucune com­pé­tence pour pro­pos­er une mod­i­fi­ca­tion de la nomen­cla­ture générale des actes pro­fes­sion­nels. Il revient, en effet, aux seuls syn­di­cats représen­tat­ifs de la pro­fes­sion de dis­cuter dans le cadre des rela­tions con­ven­tion­nelles avec les caiss­es d’assurance mal­adie des dis­po­si­tions rel­a­tives à la nomenclature.

Veuillez agréer, Madame, l’ex­pres­sion de mes salu­ta­tions les meilleures.

Marie Josée KELLER
Prési­dente
Con­seil nation­al de l’Or­dre des sages-femmes

(Voir com­men­taire de Françoise BARDES)