CIANE -> Dossiers importants -> Maternités de proximité
Message à M. Christian Paul
Monsieur le Député,
C'est avec beaucoup d'intérêt que nous avons assisté à la table ronde que vous avez organisée le 27 novembre dernier au sujet de la fermeture des hôpitaux de proximité. Le temps qui nous a été imparti ne nous a malheureusement pas permis d'approfondir la question de la disparition des maternités de proximité et des répercussions désastreuses que cela engendre au niveau de la sécurité, du coût, mais aussi et surtout, dans le vécu des femmes, de leur conjoint et de leur bébé.
La question des fermetures de maternités de proximité aurait mérité à elle seule qu'on y consacre un temps bien défini. En effet, la grossesse et l'accouchement ne sont pas des pathologies. Aussi, dans ce domaine, les attentes et les besoins des usagers ne concernent-ils pas seulement la sécurité.
Fermer une maternité de proximité pour diriger les femmes vers des structures de niveau 3, c'est faire un pas de plus dans la surmédicalisation de la naissance. La France se singularise déjà assez à ce niveau si on compare l'offre qui est proposée à celle de nos voisins européens. En effet, dans beaucoup de pays d'Europe, les femmes peuvent accoucher en structure hospitalière mais aussi en pôles physiologiques, en Maisons de Naissance (150 en Allemagne) et à domicile (30% en Hollande et un objectif de 10% pour l'Angleterre). Si nos chiffres en matière de morbidité et mortalité périnatales étaient meilleurs, on pourrait penser que nous avons raison... mais tel n'est pas le cas, et de loin parfois.
On constate tout simplement que pour que sécurité il y ait, il faut apporter une réponse appropriée à chaque besoin : maternité de niveau 3 pour les grossesses pathologiques, maternités de niveau 1 ou 2 pour les 90% d'accouchements qui ne vont pas nécessiter d'intervention médicale lourde. Cela associé bien entendu à un bon suivi des grossesses permettant de dépister une éventuelle pathologie et un travail de réseau efficace entre les différents professionnels de la naissance.
Précisons que plus de distance entre le domicile et la maternité est générateur d'un surcoût (déplacements en ambulance par exemple) et de risques supplémentaires (déclenchements de convenance, augmentation du nombre de césariennes, d'extractions instrumentales, accouchements sur le trajet). La proximité peut dans bien des cas être un facteur déterminant pour ce qui est de la prise en charge d'une situation d'urgence. Orienter toutes les femmes vers des structures de niveau 3 gonfle de surcroît la note pour la sécurité sociale et comporte aussi une part de risques sur le plan médical (iatrogénie, infections nosocomiales). D'autre part, cela rend plus difficile un transfert d'une parturiente nécessitant des soins lourds et pour laquelle on ne trouvera plus de place dans la maternité de niveau 3, engorgée par des grossesses à bas risques qui ne réclament pas cet encadrement médical.
On peut s'interroger, et c'est un point très important pour les usagers, sur la façon dont notre société envisage la dimension humaine, sociale et affective de la venue au monde d'un enfant.
Dans l'intervention de Mme Blanchet, sage-femme, il était question de faire des parents des acteurs, de les mettre debout face au personnel médical. Quelle option est laissée à ces couples qui arrivent dans une grosse maternité, parfois très loin de leur domicile ? Les protocoles hospitaliers sont tellement lourds, tellement figés, qu'on a souvent du mal à négocier des choses aussi simples que moins de luminostié, plus d'intimité, la possibilité d'accoucher dans la position de son choix. Les femmes sont de fait dépossédées de ce qui se passe et perdent trop souvent tout droit sur leur corps dès qu'elles franchissent le seuil de la maternité.
Les maternités de proximité sont de petits établissements qui permettent une organisation plus souple du service, avec des personnels souvent plus à l'écoute des souhaits des parents et la possibilité pour la parturiente de vivre la naissance de son enfant de manière plus physiologique.
C'est une réelle opportunité pour les maternités de proximité d'ouvrir un accès à leur plateau technique aux sages-femmes libérales, de réclamer l'ouverture de Maisons de Naissance situées dans un proche périmètre (elles peinent à voir le jour bien que nous en parlions depuis de nombreuses années), de créer un pôle physiologique sous la gouvernance des sages-femmes. Tout cela permettrait de répondre à une demande forte et croissante émanant des usagers et d'éviter la fermeture de l'établissement.
Souhaitant que vous aurez à coeur de défendre les attentes et les besoins des usagers afin de permettre une réelle égalité face à l'offre de soin et d'améliorer les conditions de la naissance dans notre pays, nous vous adressons, Monsieur le Député, nos respectueuses salutations.
Pour le Ciane
Chantal Schouwey Catherine Chaumont
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Modif. October 27, 2011, at 04:26 PM<br />(:addThis username="xa-4b5388e32c732dfe" btn="lg-share":)
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