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Épisiotomie, un geste indispensable ?

Transcription (partielle) de l'émission de France 5

Le magazine de la santé au quotidien
Emission du mardi 16 octobre 2007

Présentation de l'émission
http://www.france5.fr/sante/traitements/W00514/58/147490.cfm

La vidéo, accessible pendant une semaine
http://www.france5.fr/images/emissions/008892/32/magazinesante_20071016.asx

3.24

La présentatrice

L'épisiotomie, redoutée, mais pourtant c'est une pratique courante en obstétrique. C'est une incision chirurgicale du périnée. De quoi d'agit-il, parce que périnée en général on ne comprend pas très bien. On va regarder ça sur un schéma d'une femme de profil. Ce périnée, c'est un groupe de muscles bien cachés, c'est une sorte de petit hamac musculaire qui va s'attacher devant au niveau du pubis et derrière au niveau de la colonne vertébrale. Il va traverser plusieurs éléments importants.

Présentateur

2.42

L'urètre, l'anus et le vagin, qui vont passer tous les trois à travers ce hamac musculaire, et à lui seul le périnée va soutenir tous les organes au niveau du bassin et va jouer aussi un rôle pour la continence, puisqu'en se contractant, il va exercer une pression sur l'urètre et va bloquer le passage de l'urine.

La pratique de l'épisiotomie est un geste qui permet d'agrandir l'orifice vulvaire et faciliter la sortie du bébé.

3.08

La première incision chirurgicale du périnée a été réalisée en 1742 et, jusque dans les années 1990, l'épisiotomie était réalisée de façon systématique lors du premier accouchement, ou en cas de forceps, ou en cas d'accouchement par le siège.

Du coup, cette pratique est très répandue en France.

Les chiffres indiquent que 47% des femmes qui ont accouché par les voies naturelles ont eu une épisiotomie, sur ce chiffre 68% sont ce qu'on appelle des primipares, c'est-à-dire que c'est leur premier accouchement, et 31% chez les multipares.

Ce sont des chiffres très importants alors même que l'indication de ce geste est de plus en plus contestée, certains médecins ou sages-femmes parlant même de mutilation.

Le présentateur

En France l'épisiotomie est pratiquée sur le côté droit, et dans les pays anglo-saxons plutôt au milieu vers l'anus. Cette petite intervention est réalisée par les sages-femmes ou les médecins. Pour plus d'explication avec Mélanie Morin et D.

(Reportage)

C'est un acte régulièrement réalisé par les sages-femmes ou les médecins lors des accouchements. Un acte de petite chirurgie mais qui n'est pas anodin.

Dr Marc Legris, gynécologue obstétricien (avec mannequin)

4.10

On pratique une épisiotomie lorsqu'il y a des risques de déchirure et lors de l'accouchement lorsque la tête du bébé remplit le périnée, c'est-à-dire que le bébé est presque sorti, c'est ce qu'on appelle le petit couronnement. C'est à ce moment que le périnée est le plus distendu et c'est à ce moment où l'on peut pratiquer une épisiotomie.

On introduit la branche d'un ciseau à l'intérieur et on coupe à 45° sur 6 cm. On coupe à la fois la peau, on coupe à l'intérieur le vagin, et entre le vagin et la peau, les muscles périnéaux.

Suite du reportage

4.39

Une fois l'incision réalisée, on retrouve une coupure nette.

Dr Marc Legris (sur le mannequin)

Cette épisiotomie a été faite de toute évidence par un gaucher, parce que là on est en médio-latéral gauche, mais enfin ça revient exactement au même.

Donc on retrouve les trois plans dont on parlait tout à l'heure, le plan cutané ici à l'extérieur, sur la peau, le plan vaginal qui est à l'intérieur, et entre ces deux plans on retrouve à l'intérieur le plan musculaire qui est ici.

Ce sont ces trois plans qu'il va falloir suturer.

Suite du reportage

5.10

La suture de l'épisiotomie est réalisée immédiatement après l'accouchement s'il n'y a pas eu d'hémorragie ou de complications. Elle se déroule sous l'effet de la péridurale ou sous anesthésie locale.

Pour nous en faire une démonstration, le médecin utilise une cuisse de poulet. Sa peau imite la texture vaginale. C'est un bon substitut, souvent utilisé dans les écoles de sage-femme.

Le médecin (avec la cuisse de poulet)

Il faut surtout qu'il n'y ait pas de distorsion dans les plans, il ne faut pas que ce soit tordu à la fin. On peut imaginer que ça se passe au niveau du vagin mais ça peut être exactement la même chose au niveau de la peau, c'est-à-dire qu'on ne doit pas avoir des oreilles qui se forment au niveau de la cicatrice, et on doit retrouver en fin de suture une cicatrice qui est rectiligne.

Suite du reportage

5.49

Mais même si la cicatrice est nette, elle peut, dans de rares cas, être douloureuse des semaines ou des mois après l'accouchement. D'où la controverse qui règne autour de l'épisiotomie.

Françoise est sage-femme libérale, elle dénonce cette pratique systématique.

Françoise Bardes, sage-femme libérale

Actuellement en France, personne ne demande l'avis de la femme. On lui inflige une épisiotomie.

Or entre une épisiotomie certaine et une déchirure possible, on gagne, d'ailleurs il y a une étude qui est faite sur ce sujet qui montre que si on fait une politique restrictive d'épisiotomie il n'y a pas plus de déchirures, et il n'y a pas plus de déchirures graves non plus.

Suite du reportage

6.29

Mais ce point de vue est à relativiser. Il y a deux ans, le docteur Goffinet a participé à un colloque d'obstétriciens sur le thème de l'épisiotomie.

Il en ressort que cette pratique pourrait être réduite à 3 femmes sur 10, même s'il est difficile de raisonner en terme de chiffres sur un tel sujet.

Pr François Goffinet, Gynécologue Obstétricien, Maternité Port-Royal / AP-HP

Le fait de faire systématiquement une épisiotomie n'apporte aucun bénéfice. Mais il ne faut pas que les gens comprennent que, puisqu'on ne doit plus faire une épisiotomie systématique, il ne faut plus du tout faire d'épisiotomie. Quand le professionnel voit que le périnée va se déchirer, et va se déchirer peut-être dans sa partie postérieure, en bas du périnée, vers le sphincter anal, à ce moment-là il faut qu'il fasse une épisiotomie.

Suite du reportage

7.03

Plusieurs pistes sont explorées pour essayer de réduire le nombre d'épisiotomies, ainsi que les éventuelles déchirures. C'est le cas des positions d'accouchement accroupies ou sur le flanc, même si à ce jour aucune étude clinique n'a établi leur efficacité avec certitude.

Le présentateur

7.20

Alors pour éviter d'avoir recours à l'épisio, certains spécialistes conseillent aux futures mamans de préparer le périnée au cours de la grossesse, en faisant des massages réguliers de la zone pour que le périnée se détende plus facilement au moment de l'accouchement, mais aucune étude scientifique ne prouve l'efficacité de ce massage périnéal.

La présentatrice

7.43

Ce qui est sûr c'est qu'après une épisiotomie il faut prendre des précautions, pour éviter les risques d'infection, durant au moins les dix jours qui suivent l'accouchement. [...]

C'est quand même des questions très pratiques.

Après avoir uriné, il faut en effet toujours s'essuyer de l'avant vers l'arrière, pour éviter de ramener les germes vers la cicatrice. Il faut aussi faire des toilettes régulières de la zone avec un savon antiseptique à l'eau tiède.

Et pour aider la cicatrice il faut que la zone de l'épisiotomie reste sèche, parce qu'il ne faut pas de macération, alors certains conseillent de tamponner la zone avec un linge ou alors d'utiliser un sèche-cheveux.

Quelques jours après l'accouchement, vous pouvez aussi assouplir la cicatrice en la massant avec de l'huile d'amande douce.

Le présentateur

8.17

Vous l'avez vu, l'incision de l'épisio se fait sur 4 plans différents, et même si la peau cicatrise rapidement, les parties plus profondes prennent plus de temps. En outre, toutes ces zones comprennent des terminaisons nerveuses. Alors face à la douleur les femmes sont malheureusement inégales et les soins peuvent être longs, douloureux, laisser des traces autant physiques que psychologiques.

Reportage,-Sylviane.-Non-retranscrit?

Le présentateur

11.53

Si vous avez eu une épisiotomie et que vous avez besoin d'en parler ou d'avoir des conseils, sachez qu'il y a un site internet qui est très bien conçu, <http://www.episiotomie.info/>.

Une dernière sur l'étymologie, qui vient de « pubis?


Courriers


Commentaires

octobre 17, 2007 11:48 par GroupeCiane

Merci pour la transcription. Quand je lis le passage suivant, j'hallucine: la juxtaposition des deux phrases coordonnées par le "et" tend à faire croire que depuis 1742 à nos jours, on n'a pas arrêté de faire des épisiotomies!!! Le "du coup" étant la simple conséquence d'une pratique vielle de deux siècles et demi. Et qu'enfin, l'âge de l'obstétrique aidant, on en arrive à la sagesse... Il faudrait que nos spécialistes confirment, mais j'aurais dit que l'épisiotomie n'avait commencé à se généraliser comme pratique systématique que dans les années 70-80?? En tout cas, pour ma mère qui a accouché au tournant des années 60, l'idée qu'il faille "couper" de manière systématique était incongrue...

"3.08 La première incision chirurgicale du périnée a été réalisée en 1742 et, jusque dans les années 1990, l'épisiotomie était réalisée de façon systématique lors du premier accouchement, ou en cas de forceps, ou en cas d'accouchement par le siège. Du coup, cette pratique est très répandue en France."

Madeleine

'''octobre 18, 2007 12:07 par GroupeCiane '''

L'enchaînement avec l'intervention où Dr Goffinet dit que 'dès fois, il faut vraiment couper' prête à confusion.

Ce qui ressort, à mon sens, c'est qu'il FAUT couper une fois sur trois et qu'il ne FAUT pas descendre en dessous, parce que ce sont des cas où (...le périnée va se déchirer vers l'anus).

Ce n'est peut être pas ce que dit Dr Goffinet, mais la montage le laisse croire.

Je me demande comment Dr Goffinet peut dire que si ça menace de se déchirer, il faut couper. Avec aucune étude qui le montre et une qui montre le contraire (à ma connaissance).

Quelqu'un lui a demandé?

Françoise Bardes, sage-femme libérale
Actuellement en France, personne ne demande l'avis de la femme. On lui inflige une épisiotomie. Or entre une épisiotomie certaine et une déchirure possible, on gagne, d'ailleurs il y a une étude qui est faite sur ce sujet qui montre que si on fait une politique restrictive d'épisiotomie il n'y a pas plus de déchirures, et il n'y a pas plus de déchirures graves non plus.
Suite du reportage
Mais ce point de vue est à relativiser. Il y a deux ans, le docteur Goffinet a participé à un colloque d'obstétriciens sur le thème de l'épisiotomie.
Il en ressort que cette pratique pourrait être réduite à 3 femmes sur 10, même s'il est difficile de raisonner en terme de chiffres sur un tel sujet.
Fr François Goffinet, Gynécologue Obstétricien, Maternité Port-Royal / AP-HP
Le fait de faire systématiquement une épisiotomie n'apporte aucun bénéfice. Mais il ne faut pas que les gens comprennent que, puisqu'on ne doit plus faire une épisiotomie systématique, il ne faut plus du tout faire d'épisiotomie. Quand le professionnel voit que le périnée va se déchirer, et va se déchirer peut-être dans sa partie postérieure, en bas du périnée, vers le sphincter anal, à ce moment-là il faut qu'il fasse une épisiotomie.

octobre 18, 2007 12:16 par GroupeCiane

Note sur commentaire du 18 oct 12:07

Ce commentaire est de E.Phan. Les 4 derniers paragraphes (commencent à "Françoise Bardes") sont un extrait de l'émission.

October 19, 2007 1:22 pm by 147.94.215.22

J'ai participé à cette émission, ce que je regrette particulierement. Ridiculiser ainsi le travail de recherche de l'AFAR ou du CIANE, est difficilement désirable !!! L'équipe de tournage a passé 15, 20 minutes à recueillir des informations aupres de moi (représentant le CIANE) et dans l'émission j'apparais 3 secondes pour dire une banalité aussitot contredite par le professeur Goffinet qui dit : il ne faut pas croire qu'il ne faut pas faire d'épisiotomie, si un perinée menace déchirure, l'épisiotomie est justifiée !!! On voit que ce professseur a lu avec exactitude les études scientifiques, qui montrent que la "prévention" de la déchirure par une épisiotomie augmente certainement le nombre de blessures périneales (les périnées qui resistent aux ciseaux sont rares...) et ne protege nullement d'une déchirure grave !!!! On peut donc etre professeur, travailler dans un grand hôpital parisien et dire des contrevérites scientifiques !!!

Une très grande déception donc, comme chaque fois la journaliste se fait retourner par l'establishment medical qui n'hésite pas à emettre des avis contraires aux résultats de la recherche, mais qui confortent leur attitude clinique fondée sur la routine. Répéter ses erreurs, affirmer que c'est la bonne solution, est le contraire d'une médecine respectueuse et des patients et des recherches, et fait douter que nos "professeurs" ouvrent et lisent les journaux de recherche médicale pour faire évoluer leur pratique.

Un espoir déçu encore une fois, les médias sont au service des chefs, et non de la vérite scientifique.

Une maigre consolation : le site épisitomie était très clairement cité et montré !!!

Françoise Bardes, sage-femme

''' October 19, 2007 8:52 pm by WikiAdm'''

Juste un mot pour ajouter ma contribution au débat avec ce texte qui date de 2002 et qui n'a malheureusement pas vieilli.

(Voir article?)

Dr C-E Tourné

''' October 25, 2007 7:03 pm by 82.250.232.50'''

J'aurais apprécié que les présentateurs donnent les taux d'épisiotomie d'autres pays comme la Gde Bretagne ou la Suède... et se demandent ensuite ce que les périnées des femmes françaises ont de différent par rapport à nos voisines européennes pour être perçus comme moins 'efficaces'

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Modif. December 23, 2012, at 12:41 AM<br />(:addThis username="xa-4b5388e32c732dfe" btn="lg-share":)

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