Expériences: comment concilier représentation d'usagers et vie familiale

S. envisage d'être représentante d'usagers dans un réseau périnatalité (2010). Question de la place des enfants. Partages d'expérience

S.
Je viens de recevoir un message de la coordinatrice du réseau... Hum ça démarre pas top. En tant que réprésentante d'usagers ben je suis maman et je peux lui épargner d'amener la fratrie au complet mais pas la "petite dernière" tjrs quasi exclusivement allaitée et qui cavale partout à 4 pattes ! (c'est déjà un énorme effort de ne pas venir avec ma petite de 2 ans et demi, que son père ne vas pas garder sans arrêts) Alors je vois déjà le tableau : je vais dénoter dans l'ambiance et le décors ! :-(((

Cela fera l'entetien à moins de 2h. Mais là j'hésite : les locaux au CHU, bonjour l'accès : une heure pour se garer (et pas forcément tout prêt du local en question) le tout avec la miss et le bazard à emporter pour l'occuper.

E.
Mes réflexions qui n'engagent que la manière dont je considère, moi, mon rôle de "représentation d'usagers": comme une activité professionnelle. Professionnelle dans le sens, comment dire, relations d'affaires, distincte de la vie personnelle.

Par ex je considère que les questions sur ma vie personnelle (mariée? enfants?) sont déplacées dans un contexte professionnel, et bien je considère qu'elles sont également déplacées dans mes fonctions de représentant d'usagers. Je peux en parler si ça a un sens dans un argumentaire mais uniquement dans ce cas:

Certaines activités associatives font partie sans discussions des activités "professionnelles". Le cas de l'AFAR (du moins du volet "épidémiologistes" de l'AFAR. La partie SMAR, je n'en sais rien). Les activités d'animation de groupes de paroles entre parents/atelier de portage... c'est discutable, je ne sais pas. Les activités rémunérées, consultante en lactation, doula, là c'est professionnel (mais professionnel de périnatalité, donc à mon sens on ne peut plus avoir une telle activité et être en même temps représentant d'usagers).

La limite n'est pas immuable (et la frontière n'est pas étanche). Dans un contexte professionnel, il me semble me souvenir avoir indiqué que je viendrai avec un bébé et point barre (pour un entretien avec une boite RH avant bilan de compétence). Mais je ne suis même plus sûre de l'avoir fait (le bébé était minuscule, peut être que ça n'a juste pas gêné du tout. Et paradoxalement, j'applaudis des deux mains quand la presse rapporte que tel ou telle député(e )européen(ne) a assisté à la séance accompagné(e) d'un nourrisson.

Donc, paradoxe!

(ailleurs) il y a eu des discussions sur 'la société qu'on veut' et 'celle qu'on veut ne doit pas forcément séparer les enfants des adultes dans les activités journalières. Je crois que je n'adhère pas à cela parce qu'il y a des activités d'adultes qui sont réellement incompatibles avec des journées d'enfants, et pas uniquement quand on est ouvrier en BTP on démineur sous-marin. Une journée à la HAS, par ex. J'ai un autre argument qui n'est que personnel: je n'ai pas le même cerveau en marche quand je suis en milieu enfants/maternage (et contestation de salon) que quand je suis en situation professionnelle. Vraiment pas.

Bref, voilà, à la question "peut-on être représentant d'usagers en périnatalité et avoir des jeunes enfants", je me dis que la réponse n'est pas évidente. Pour moi soi-même, c'est non. Pour les autres, je ne pense pas que ce doit être vu comme une évidence mais comme une possibilité qu'on peut rendre possible.

Pour toi, on peut supposer qu'il y a de tout façon intérêt à prendre ce premier contact, et à évaluer si les conditions "du poste" sont compatibles avec ta vie personnelle, et si c'est non, trouver des moyens de garder contact avec eux (fonctionnement à distance? cela doit être possible pour certains travaux genre *relectures et commentaires* mais est-ce applicable au contexte humain du réseau, ahem) et de prendre RV pour dans quelques années, genre quand tu seras à la retraite ?

A.
Je suis allée sur le réseau avec M jusqu’à ce qu’il est environ 8 ou 9 mois, sans aucun pb (bon effectivement, j’avais plein de matos avec moi pour qu’il s’occupe ; par contre, jamais en CRN, donc je me suis abstenue de CRN jusqu’à ce qu’il puisse tenir 4-5h sans moi). Bon d’un autre coté, on les comprend, ils ne savent pas comment tu gères ta gamine, et c’est une séance de travail, donc c’est logique qu’ils espèrent pouvoir travailler sereinement. Je ne crois pas que ces gens là pensent que l’on peut chaque fois filer nos gamins sans pb, ou qu’ils s’imaginent que tout est simple pour nous, mais au départ, c’est une structure de professionnels, c’est logique que le cadre soit celui des professionnels.

Je ne pense pas que tu dénotes, des parents, ils savent ce que c’est, seulement, il faut admettre qu’ils ont des enjeux et des contraintes qui leur sont propres, comme nous avons les nôtres. L’adaptation mutuelle se fera au fur et à mesure. Les réunions ne sont pas toutes les semaines mais une commission, c’est bien deux heures de travail, donc forcément, c’est contraignant avec un petit. Dans ce cas, si c’est vraiment difficile pour toi, tu peux leur proposer de différer ton arrivée chez eux jusqu’à ce que ta petite soit plus grande. Après forcément, tout dépend de comment tu veux faire, si tu as accès et envie de les mettre en halte garderie ou pas, ou si tu as des amies qui peuvent te dépanner, etc... Mais il est certain que tu ne pourras aller dans certaines réunions avec ta petite quand elle grandira (M à 2 ans et ½, et je ne l’amènerai plus nulle part !!). Donc si cela ne colle pas avec le type d’investissement que tu veux avoir, il vaut mieux y penser maintenant et peut-être trouver quelqu’un pour te remplacer.

Attention, pour la présentation du réseau, fais-toi bien préciser leur structure, son organisation, etc… Parce que les formes de réseau de périnat sont extrêmement variées et chacun a vraiment ses spécificités d’action et de fonctionnement.

Complément : si j’avais eu une grand-mère sur place, ou une tante, ou une nièce, enfin quelqu’un de charmant et gratuit, je n’aurais sans doute pas emmené M avec moi chaque fois, parce que c’est vrai que c’est galère. Mais je n’avais ni crèche, ni famille dans le coin, et mes copines, je ne pouvais pas les solliciter chaque fois, donc il a milité avec moi. Mais il est certain que cela demande une sacrée gymnastique cérébrale, nerveuse et physique, et que quand j’ai enfin eu une petite et modeste place en crèche, j’ai vraiment soufflé, car les premiers 18 mois entre bébé et réseau ont été vraiment rudes (

C’est une question délicate et très perso, mais je crois que moi-aussi, quand je suis sur le mode boulot, le mode enfant, je déconnecte. Bon, cela dépendait des réunions, des thèmes, est-ce qu’il fallait être très vigilant et négocier serré, ou bien seulement écouter…. Mais dans un contexte où il y a beaucoup à défendre, ou bien où il y a des concepts à élaborer, de la rédaction précise, si j’avais à nouveau un bébé aujourd’hui, je sais que ça ne me serait pas possible. . Ici, je sens qu’il faut que je sois très concentrée, parce que c’est un travail qui me demande une grande précision d’expression, beaucoup de mesure, de maitrise et de stratégie. Je l’ai vu quand on a abordé l’AAD. La première réunion, c’était très largement ouvert, pour poser la problématique, j’étais là pour lancer notre réflexion et écouter comment ça réagissait, et M était avec moi. Dès la deuxième, parce que j’ai compris que S et moi avions devoir faire le lien entre des gens qui avaient beaucoup de mal à se parler, la présence de M était impensable : on pesait chacun de nos mots, on ne pouvait jamais lâcher le fil. Et tout de même, c’est souvent comme ça. C’est pour ça aussi, qu’en CRN, ça n’a jamais été possible, et c’est C qui m’a remplacé, que cela ne le serait pas sur des gpes de travail au ministère ou à la FFRSP.

Mais au début, quand on est dans le repérage mutuel, venir avec un bébé, je pense que c’est tout à fait possible. Cela peut te laisser le temps de concevoir comment collaborer et peut-être de trouver quelqu’un avec qui te relayer, de façon à ne faire qu’une réunion sur deux par exemple. De toute façon, beaucoup de choses sont à inventer, alors autant en profiter.

S.
Personnellement j'ai toujours tout fait avec mes enfants jusqu'à ce que je puisse les laisser assez longtemps sans craindre un besoin de tétée. Je me suis sentie "pro" (dans le sens où on se doit d'être à la pointe des connaissances d'une part et concernant l'écoute active etc.) dans mon travail à la LLL : animation de groupes, permanences téléphoniques... avec parfois des bruits d'enfants en fond sonore.

A la maison je travaille entourée des enfants et ça ne pose pas de problème. J'adapte mes temps de travail et mes moments en fonction des besoins des petits et il m'a fallu apprendre à fractionner mon travail ou écrire des idées sur des bouts de papier à côté de la casserolle à surveiller sur le feu, il m'a fallu accepter d'être parfois coupée au milieu d'une phrase importante quand j'écris ou d'une correction urgente sur un livre, mais c'est une question d'habitude et d'entraînement.

Si je m'étais dit d'abord les enfants et après mes projets je n'aurai rien fait. Les consult', les animations, les ateliers... c'est AVEC les enfants chez moi (enfin les petits je veux dire)

Maintenant je comprends que pour un travail de groupe, tout le monde n'ait pas envie ou la souplesse de compréhension (entendre un petit qui gazouille, qui court à quattre pattes, qui demande sa mère, sa tétée etc.). Donc là avec l'accueil mail de la coordinatrice du réseau, les choses sont posées et je sens bien que ça ne collera pas.

Donc effectivement je vais proposer ou des lectures à distance ou ma présence quand les enfants seront à l'école (à savoir que je les scolarise sur le tard...). Je ne me vois pas commencer maintenant et devoir abandonner en route parce que ma fille en aura marre de faire des tours de voiture ou de devoir régulièrement assister aux réunions du réseau. Il n'est pas question de crèche dans notre quotidien, je ne vais pas l'y mettre pour mon "confort réunion"). L'ambiance ne s'y prête pas dans ce contexte (imposer à tout à un groupe la présence d'un petit n'est pas top si tout le monde n'est pas à l'aise). Mais je pense que cela dépend des personnes en présence : il faut avoir été à un congrès LLL pour comprendre que l'on peut gérer le congrès, ET le bébé ! :-D (une conférencière avec un bb au sein, ou un cavaleur en salopette sous la table... c'est courant ! et tout se passe bien - sans compter la garderie à côté pour les "grands" qui peuvent aussi rejoindre leur mère si besoin) On n'est pas en Suède faut pas rêver. Donc "s'ils" ne sont pas prêts à accepter les petits des représentants d'usagers, ils risquent d'attendre. Chacun sa politique. Je ne vais pas changer la mienne pour le réseau ;-) à moins qu'ils prévoient une garderie sans la salle d'à côté avec une super baby sitter

Sur ce que tu disais E, de l'attention différente avec présence d'un petit, oui je comprends. Et j'ai dû réapprendre quand ma fille est arrivée, j'avais l'habitude d'avoir toute latitude (les grands étant grands, mon fils a quasi 9 ans d'écart avec ma fille) mais encore une fois pour moi c'est un pli à prendre. Surtout si on veut "faire des choses" tout en ayant des enfants ;-)

A
Il n’est bien entendu pas question de modifier votre façon de vivre la famille pour le réseau. En ce qui me concerne, et hormis les réunions, j’ai l’ordi au milieu du salon avec les enfants (et souvent ceux des voisins) qui y passent en permanence, je travaille donc branchée sur des canaux variés.

En revanche, si par hasard tu pouvais trouver quelqu’un dans ton association avec qui travailler en binôme et qui puisse assister au moins à quelques réunions, ce serait sans doute utile. Relire leur boulot à distance, c’est déjà très bien et utile, mais ceux qui bossent avec des pros savent que c’est aussi en discutant avec eux, en apportant, au fil de la discussion, notre vision des situations que l’on fait avancer les choses et évoluer les esprits. Mais ton association ne s’y prête pas forcément.

Cela dit, si la présence de l’enfant est simple sur un congrès LLL, c’est aussi que la très large majorité des participants ont l’enfant quotidiennement au cœur de leur vie et qu’ils savent justement structurer leur quotidien en fonction de cela. Dans des réunions de réseau, dans les CRN, dans les groupes du ministère, tu as des gens qui n’ont pas d’enfants, d’autres assez âgés pour ne plus en avoir à la maison et qui dans tous les cas, ne sont pas amenés à travailler avec leur enfant. Quant à la Suède, pour avoir eu des contacts là-bas, même si l’enfant a une place sans doute plus simple, quand il y a conseil d’administration, les enfants ne jouent pas sous la table !

Je ne crois pas non plus qu’il faille présenter les choses en disant « ils ne sont pas prêts à accepter les petits ». Attends de voir, propose leur d’essayer comment tu fonctionnes et de voir si ça leur convient. Bien sûr, ils ne vont pas se déplacer à Libourne pour les réunions, mais il peut y avoir un juste milieu ; je trouve dommage, juste sur la foi d’un mail, de penser votre collaboration impossible.

En revanche, il ne me semblerait pas hallucinant de proposer au réseau de prendre en charge d’une part bien sûr tes frais de déplacement, mais aussi, si tu as justement une super baby-sitter à emmener avec toi et qui s’occuperait de ta fille dans la pièce à coté, au moins une partie des frais. Tout est à inventer. Ensuite bien sûr, cela dépend des enjeux de chacun et de la place que l’on donne à cet engagement. En ce qui me concerne, quand je vois comment on peut modifier les positions des gens et faire progressivement évoluer les choses pour le plus grand nombre, je suis vraiment motivée. Et quand je vois aussi tout ce que j’ai appris, combien ce contact avec eux m’a fait comprendre et évoluer, cela me convient.


Modif. February 24, 2010, at 06:15 PM<br />(:addThis username="xa-4b5388e32c732dfe" btn="lg-share":)

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