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Les accusations de Patrizia Paterlini-Bréchot sont "infondées", se défend le directeur général de Metagenex

Sylvie LAPOSTOLLE, Dépêche de l'Agence de presse médicale (17 octobre 2007) ( Voir source)

PARIS, 17 octobre 2007 (APM) - Les accusations portées par la chercheuse Patrizia Paterlini-Bréchot sont "infondées", s'est défendu le directeur général de la société Metagenex, David Znaty, dans un entretien accordé mardi à l'APM.

Patrizia Paterlini-Bréchot (hôpital Necker, unité Inserm U807) qui a créé la société Metagenex avec son mari, Christian Bréchot, autour du procédé Iset mis au point par son équipe, a reproché au directeur général de Metagenex, dans une saisine du Comité d'éthique de l'Inserm et du Comité consultatif national d'éthique (CCNE), ainsi que par voie de presse, de vouloir commercialiser le test sans avoir mené les études de validation nécessaires et d'avoir commencé à le faire avec un laboratoire de ville, le laboratoire Lavergne (Paris XVIe).

Pour le directeur général de Metagenex, "ces accusations sont infondées" et il y a "un conflit d'actionnaires avéré", a-t-il indiqué lors de l'entretien, en présence de son consultant scientifique, le Pr Yvon Caire (hôpital Robert-Debré, AP-HP), et du Dr Jean-Claude Zerat, qui co-dirige le laboratoire Lavergne (laboratoire mixte avec une activité de biologie médicale classique dirigée par le Dr Jean-Claude Zerat et une activité d'anatomo-cyto-pathologie dirigée par son frère, le Dr Laurent Zerat).

Le directeur de Metagenex et le Dr Jean-Claude Zerat indiquent qu'ils avaient gardé le silence jusqu'à présent (en raison des différentes enquêtes en cours) mais que les attaques répétées les conduisent à expliquer publiquement leur point de vue.

LE LABORATOIRE DE VILLE DEMENT FAIRE DU DEPISTAGE DE CANCERS

Le Dr Jean-Claude Zerat dit être "l'otage d'un litige purement commercial opposant Patrizia Paterlini-Bréchot à ses partenaires/associés au sein de Metagenex". Il dénonce "trois mensonges" de la chercheuse, dans un courrier adressé au président de l'Institut national du cancer (Inca), et s'insurge contre les "calomnies" dont il fait l'objet, avec son frère.

"Elle accuse Metagenex de nous avoir vendu, contre son avis, une machine Iset et nous reproche de faire des tests chez des personnes sans cancer et donc du dépistage. En outre, elle affirme que nous avons des résultats faux-positifs, ce qui serait très grave pour la santé publique", résume le Dr Zerat.

Or il rapporte avoir été approché en avril 2006 par Patrizia Paterlini-Bréchot et David Znaty alors qu'ils avaient appris que le laboratoire Lavergne s'apprêtait à acquérir une machine américaine permettant de compter les cellules tumorales circulantes à partir d'une prise de sang à la société Veridex (groupe Johnson & Johnson).

"Nous avons été particulièrement intéressés par le système qu'elle avait breveté qui consiste à filtrer le sang en laissant passer les cellules normales (globules blancs, plaquettes...) mais en retenant les cellules de plus grosse taille sur le filtre, permettant après coloration leur identification par un médecin anatomopathologiste alors que la technique américaine est un test de biologie qui repose sur le marquage des cellules mais qui est moins sensible", explique le médecin.

"Nous avons alors décommandé la société Veridex qui devait faire une présentation à une vingtaine de cancérologues privés et hospitaliers (Clinique Hartmann, hôpital Tenon, Hôpital américain...) que nous avions invités et c'est Mme Paterlini-Bréchot qui est venue exposer l'intérêt du système Metagenex" en oncologie prédictive, ajoute-t-il en fournissant la copie des diapositives de la chercheuse.

Devant l'intérêt suscité auprès des correspondants oncologues pour le comptage des cellules tumorales circulantes pour leurs patients atteints de cancer, le laboratoire prend la décision de se lancer dans cette innovation et passe commande du système auprès de Metagenex.

Une technicienne du laboratoire Lavergne a alors été envoyée pour formation dans le laboratoire de la chercheuse, sous sa direction, affirme le Dr Zerat en fournissant une copie du compte-rendu de formation et des échanges de mails entre la chercheuse et le laboratoire privée sur la mise en place de la machine pour une utilisation en routine dans lesquels elle remercie le Dr Laurent Zerat de son "courage de pionnier" et loue sa "compétence et passion pour l'innovation" qui "permettra à son laboratoire et à la technique Iset des ouvertures nouvelles".

"Patrizia Paterlini-Bréchot nie avoir participé à l'installation de la machine. Pourtant, nous produisons aussi un mail dans lequel elle conseille notre laboratoire jusqu'à quatre mois après le début des examens en routine", poursuit le Dr Zerat.

Le laboratoire Lavergne achète l'appareil en septembre 2006 pour 50.000 euros et propose à ses correspondants de réaliser hors nomenclature, au tarif de 150 euros (il n'y a pas de remboursement par l'assurance maladie), la recherche de cellules tumorales circulantes qui apparaissent être "un marqueur biologique de choix pour apprécier le potentiel d'agressivité des cancers épithéliaux (prostate, sein, côlon, poumon, foie).

"Il a toujours été entendu que ce résultat était un élément supplémentaire qui pouvait participer à la prise de décision thérapeutique mais que cela ne devait pas être le seul argument", souligne le médecin. En 14 mois, le laboratoire a réalisé 370 tests, tous pour des patients adressés par des cancérologues.

"Il nous est reproché de faire du dépistage mais un contrôle effectué début octobre par des inspecteurs de la Drass d'Ile-de-France et de la Ddass de Paris, mandatés par la Direction générale de la santé (DGS) n'a trouvé aucun dossier de dépistage", rapporte-t-il. Les inspecteurs ont par ailleurs constaté que la machine était utilisée avec rigueur et dans le respect des procédures établies par Metagenex, ajoute-t-il.

Le Dr Zerat s'explique sur le cas évoqué par la chercheuse dans sa saisine du CCNE sur lequel elle base ses accusations de pratique de dépistage. Il concerne une patiente atteinte d'ascite qui avait fait l'objet de multiples examens dans différents établissements et qui a été adressée par un oncologue médical privé pour recherche de cellules tumorales circulantes. Il produit une lettre de l'oncologue justifiant, a posteriori, sa prescription dans un but diagnostique.

Enfin, concernant "notre prétendue incompétence", "nous ne pouvons accepter pareille calomnie. Mon frère est le cytopathologiste qui a le plus d'expérience au monde en routine avec la technique Iset." Il fournit un courrier d'un spécialiste du Centre René Huguenin de Saint-Cloud (Hauts-de-Seine) qui souhaite être formé par son frère ainsi qu'un rapport concernant une série d'échantillons de patients atteints de cancer et de sujets sains qui lui ont été soumis en aveugle par Patricia Paterlini-Bréchot pour une étude qui n'a jamais été publiée mais qu'elle utilise pour contester la compétence du laboratoire privé.

Dans cette série, le laboratoire Lavergne a trouvé des cellules tumorales circulantes chez des sujets sains dans 13 cas sur 150. Apprenant ce résultat, une relecture a été demandée au Dr Diane Damotte de l'Hôpital européen Georges Pompidou (HEGP), qui a une longue expérience du système Iset et qui confirme les résultats du laboratoire privé dans neuf cas (soit 70% de concordance), trouve un échantillon suspect et pense en trouver trois négatifs. Les cas litigieux n'ont pas pu être discutés entre les deux cytopathologistes et l'étude a été arrêtée.

En outre, il a été documenté qu'on peut trouver des cellules tumorales circulantes chez des sujets sains, mentionne le Dr Zerat.

"Il est inadmissible de démolir une réputation reposant sur 25 ans de travail uniquement pour des intérêts financiers", dénonce-t-il. Le laboratoire Lavergne est "l'un des plus gros cabinets d'anatomopathologie en France, avec une longue expérience", précise-t-il. Le Dr Zerat a déposé une plainte en diffamation auprès de l'Ordre des médecins pour "attitude non confraternelle et conduite hystérique" de Patrizia Paterlini-Bréchot et envisage d'attaquer aussi son mari.

Le directeur général de Metagenex a, de son côté, déposé trois plaintes, l'une pour le préjudice subi du fait des "attaques injustifiées", une autre au pénal et une "assignation en revendication de brevets" vis-à-vis d'Inserm Transfert, l'Université Paris V et l'AP-HP. Il a aussi contesté le rapport du Comité d'éthique de l'Inserm.

Patrizia Paterlini-Bréchot l'a aussi assigné, de même que l'Inserm (dont le recours devait être examiné cette semaine).

David Znaty, ingénieur de formation, président des anciens élèves du MIT en France et d'une société qui fabrique des automates de paiements, a été contacté par les époux Bréchot qui lui ont proposé de prendre la direction de Metagenex début 2006 et de trouver de nouveaux actionnaires.

CONFLIT ENTRE ACTIONNAIRES

Selon lui, le différend est apparu en juillet 2006, à la clôture des comptes 2005, après l'entrée de nouveaux actionnaires, Axa et Banexi (groupe BNP-Paribas), qui ont apporté 2,5 millions d'euros. Un nouveau pacte d'actionnaires a pourtant été signé qui prévoyait le transfert des derniers brevets de l'Inserm et de ses partenaires à Metagenex. Pour la première fois, la famille Paterlini-Bréchot devenait minoritaire avec 44% des parts contre 2,7% pour Inserm-Transfert, 36,7% pour les deux investisseurs, 11% pour David Znaty.

C'est à partir de ce moment que les relations se sont progressivement détériorées entre Mme Paterlini-Bréchot et les nouveaux actionnaires, qui ont diligenté un audit en octobre-novembre 2006 qui a débouché sur la plainte au pénal déposée par Metagenex à l'encontre de la chercheuse, poursuit-il. "Pendant ce temps, l'avenant nécessaire à la commercialisation des consommables d'ISET n'arrivait pas".

David Znaty ne souhaite pas préciser le motif de la plainte au pénal, se justifiant par le fait que l'instruction est en cours.

Fin 2006, les ponts ont été complètement coupés. La société a quitté l'hôpital Necker pour s'installer à Biopark (Paris) et David Znaty a consulté le Pr Yvon Cayre qui a fait un état des lieux, ce qui a conduit à une réorientation de la stratégie de l'entreprise vers la pharmacogénétique et la pharmacogénomique.

"Au 1er janvier 2007, nous avons abandonné la stratégie sur le dépistage des cancers. Le fait que ces cellules tumorales circulantes puissent être trouvées chez des sujets sains rend la technique inadaptée au dépistage", a indiqué David Znaty. "C'est une chimère absolue", renchérit le Pr Cayre.

Les travaux actuels visent à pouvoir déceler dans le sang les mutations qui conditionnent la réponse aux médicaments afin d'orienter le choix du prescripteur avant et pendant le traitement ainsi que les mutations associées à certaines toxicités, explique le Pr Cayre.

Cela éviterait des traitements inutiles, ce qui présenterait un intérêt pour les patients et les financeurs. Actuellement, les oncologues donnent un traitement et doivent attendre de voir si la tumeur diminue pour voir s'il est efficace. Et au cours du traitement, l'apparition de résistances n'est décelée que lorsque la tumeur regrossit.

Des études cliniques sont en préparation avec l'Institut Gustave Roussy, l'HEGP ou encore le Centre René Huguenin.

De même, pour les cellules foetales circulantes chez les femmes enceintes, les chercheurs de Metagenex préparent avec l'hôpital de Poissy (Yvelines), la mise au point d'un système qui remplacerait l'amniocentèse et les marqueurs sériques pour le dépistage prénatal de la trisomie 21.

"Malgré cette tourmente, on a continué à travailler dans un environnement de très bonne qualité et nous sommes dans une voie de développement et de recherche unique au monde qui va vraiment valoriser la recherche française", commente David Znaty.

sl/eh/APM redaction@apmnews.com

SLKJH001 17/10/2007 15:13 ACTU CANCER


Lire la réponse de Patrizia Paterlini-Bréchot


Modif. October 27, 2011, at 09:03 PM<br />(:addThis username="xa-4b5388e32c732dfe" btn="lg-share":)

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