Résumé (français)
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| L’INCONTINENCE urinaire concerne les deux sexes, à tous les âges : depuis l’énurésie chez l’enfant aux affections de la prostate chez l’homme. Les femmes demeurent toutefois davantage exposées à ce handicap - anatomie et accouchement obligent - qui touche entre 10 et 20 % d’entre elles. Et pas seulement les plus âgées. Une femme incontinente sur cinq a moins de 30 ans.
Si l’accouchement reste le plus grand pourvoyeur d’incontinence, le tabac, l’obésité, le diabète, certains sports ainsi qu’une prédisposition génétique sont aujourd’hui reconnus comme des facteurs de risque. Face à eux, des stratégies de prévention efficaces peuvent être mises en place. Cependant, la prévention de l’incontinence doit commencer dès la petite enfance, avec l’apprentissage de la propreté. Apprendre à l’enfant à uriner correctement et souvent, à la maison comme à l’école, permet de prévenir ou de résoudre la quasi-totalité des problèmes rencontrés en ur ologie pédiatrique. Le Pr Michel Averous, chef de service d’urologie à Montpellier, reçoit plus de 500 enfants chaque année. Il constate que, « dans la très grande majorité des cas, les problèmes (culotte mouillée, infections urinaires à répétition, etc.) sont de l’ordre de l’éducation mictionnelle et qu’il s’agit très rarement de vraies pathologies urologiques ou de malformations ».
La faute de l’école ?
En fait, beaucoup d’enfants prennent l’habitude de se retenir et ne savent plus relâcher leur sphincter au moment d’uriner. Les principales conséquences sont les fuites et les infections urinaires (voire génitales, pour les infections) à répétition, dues à une évacuation incomplète de la vessie. Ces problèmes seraient pour beaucoup « la faute de l’école, lieu de contrainte pour la propreté. » De mauvaises conditions matérielles : hygiène insuffisante qui entraîne le refus de s’asseoir (« Maman a d’ailleurs recommandé de ne jamais s’asseoir dans les toilettes publiques »), manque d’intimité, cabinets trop peu nombreux. L’interdiction d’accès pendant les cours contribue aussi à créer une « nécessité de la rétention » chez les filles - les garçons éprouvent moins de répulsion à aller aux toilettes. La prévention passe donc par une nécessaire prise de conscience des enseignants, des responsables administratifs et des parents.
L’école n’est pas la seule à être montrée du doigt. Le tabac compte au nombre des principaux facteurs de risque incriminés dans l’incontinence. Le périnée est mis à mal par la toux du fumeur, mais également par le tabac lui-même. En effet, il interfère avec la synthèse du collagène, un des constituants des tissus du périnée, et en altère la qualité. L’effet antiestrogène du tabac provoque, en outre, une sorte de miniménopause avant l’heure. Sans compter que la tabagie augmente les risques de cancer de la vessie. L’obésité constitue un autre facteur qui favorise l’apparition d’une incontinence d’effort par l’intermédiaire des contraintes mécaniques qu’elle crée. En outre, les obèses boivent souvent beaucoup et urinent donc fréquemment.
Plus surprenant est le rôle du sport, surtout de haut niveau. « Le sport, dès qu’il n’est pas pratiqué en apesanteur, sollicite le périné e en créant une hyperpression intra-abdominale. Il peut aussi être à l’origine d’altérations des ligaments », explique le Pr François Haab, urologue et coordinateur de la Semaine de l’incontinence. Les risques sont plus ou moins élevés selon le sport pratiqué, la palme revenant au trampoline (70 % des jeunes championnes de trampoline ont des problèmes d’incontinence), tandis que la natation constitue « le sport idéal pour le périnée ».
Des facteurs génétiques.
Si l’utilité de la rééducation périnéale après l’accouchement n’est plus à démontrer, « la place de la césarienne devrait être discutée plus souvent en tenant compte aussi des critères "périnée" », estime le Pr Haab. En effet, les forceps ou l’expression abdominale (« un geste que l’on devrait proscrire ») peuvent provoquer des dégâts périnéaux importants.
D’autres facteurs aggravant en matière d’incontinence sont représentés par certaines maladies associées, telles que la constipation dite terminale (qui peut faire l’objet d’une rééducation en kinésithérapie) ou le diabète. Elles aussi doivent être prises en charge dans une stratégie préventive. Enfin, des facteurs génétiques ont aujourd’hui été mis en évidence. « Il apparaît que le risque est plus important chez une fille dont la mère est énurétique, et ce risque croît si la grand-mère ou le s sœurs aînées le sont aussi. On se demande actuellement si les immaturités vésicales de l’enfant et de l’adulte ne seraient pas une expression de ces facteurs génétiques. C’est pourquoi, lorsqu’une femme vient en consultation, des antécédents d’énurésie doivent être recherchés chez sa mère, ses grand-mères et ses sœurs, à l’âge adulte ou pendant leur enfance », précise le Pr Haab.
La Semaine nationale de l’incontinence est l’occasion d’une campagne d’affichage, de la mise à disposition du public de brochures, de conférences-débats pour le grand public et les professionnels, d’opérations portes ouvertes et de séminaires dans de grands centres d’urologie. Pour connaître les manifestations et le programme dans votre région, rendez-vous sur le site Internet de l’AFU, www.urofrance.org. A savoir : un Numéro Indigo est mis à la disposition du public. Des urologues répondent à tous ceux qui se posent des questions sur l’incontinence, jusqu’au vendredi 28 mai, de 9 à 19 heures, au 0820.20.00.28 (0,12 euro TTC la minute).
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