Résumé (français)
:
| Nous remercions l’équipe du Ciane de l’intérêt qu’elle a porté à notre article intitulé « Contre la notion de grossesse et d’accouchement à bas risque » [1]. Effectivement, comme le Ciane le fait remarquer, l’article de Mori et al. ne traite pas des accouchements en maison de naissance, mais des accouchements à domicile [2]. Il n’est pas précisé pour autant dans quel groupe (accouchement à domicile ou accouchement en maternité) ont été classés les accouchements survenus en maison de naissance dans cette région de l’Angleterre durant cette période. Par ailleurs, depuis la rédaction de notre article (30/06/2008), cette étude a fait l’objet de nombreuses critiques publiées tout récemment [3] and [4]. Ainsi, selon Gyte et al. et Mori et al. et ont, semble-t-il, réalisé plusieurs erreurs de calcul à propos de la mortalité périnatale des patientes transférées [4]. Cependant, lorsque l’on essaie de définir une grossesse ou un accouchement à bas risque, ce qui était l’objectif principal de notre article, les résultats de l’étude de Mori et al. sont tout de même très intéressants. Accoucher à domicile comme accoucher en maison de naissance sous-entend en effet que l’on a exclu tout facteur de risque. Or, dans l’étude de Mori et al., il apparaît que 12 à 43 % des femmes qui désiraient accoucher à domicile ont dû être transférées soit en cours de grossesse, soit en cours de travail pour accoucher en maternité classique. Ce changement d’orientation lorsqu’il survenait en cours de grossesse témoigne vraisemblablement de l’apparition de facteurs de risque. Lorsque le transfert était décidé en cours de travail, il traduisait l’apparition de complications. Ainsi, 12 à 43 % des femmes désirant accoucher à domicile en début de grossesse présentent à un moment ou un autre de leur grossesse des facteurs de risque, ce qui montre bien la difficulté de définir des patientes à bas risque en début de grossesse ou en cours de travail. Leurs résultats même corrigés concernant la mortalité périnatale chez les patientes désirant accoucher à domicile laissent planer une inquiétude chez les patientes devant changer d’orientation. Que ce soit en cours de grossesse ou en cours de travail, le fait de devoir changer d’orientation pourrait être associé à un surcroît de mortalité périnatale. Existerait-il un biais de recrutement chez les patientes désirant accoucher à domicile ? Ces patientes seraient-elles plus à risque que celles désirant accoucher en maternité classique et pourquoi ? Cette difficulté à définir une grossesse à bas risque vient d’être confirmée dans une étude toute récente portant sur les transferts réalisées durant la grossesse ou durant le travail entre 1988 et 2004 par les sages-femmes assurant le suivi de grossesse et réalisant éventuellement des accouchements à domicile en Hollande [5]. Un transfert sous-entendait que la sage-femme adressait à l’hôpital la patiente pour la fin de son suivi de grossesse ou en cours de travail en raison de l’apparition de facteurs de risque. De 1988 à 2004, on enregistre une augmentation de 14,5 % des transferts qui passaient de 36,9 % (une grossesse sur trois) à 51,4 % (une grossesse sur deux). Ces 51,4 % de transferts en 2004 se répartissaient entre 27,4 % de transferts en cours de grossesse, 23,5 % pendant le travail et 0,5 % dans le post-partum. On peut relever que parmi les 23,5 % de transferts en cours de travail, le principal motif de transfert était dans 7,3 % des cas une suspicion de souffrance fœtale (liquide amniotique teinté ou anomalies du rythme cardiaque fœtal). Le second motif était une stagnation durant la première phase du travail (6 %) ou la deuxième phase (3,3 %). Voilà qui confirme bien la difficulté en début de grossesse comme en début de travail à définir des grossesses et des accouchements à bas risque. Comme van Weel et al. [5] le soulignent dans leur éditorial, il est urgent que de nouvelles études soient menées afin de s’assurer aussi bien des bénéfices de l’accouchement à domicile que de sa totale sécurité. Les critères pour définir une grossesse et un accouchement à bas risque ne sont pas, à ce jour, validés. Cela est indispensable pour pouvoir donner une information éclairée aux patientes. Il n’est plus acceptable de nos jours que l’information rassurante donnée aux patientes soit davantage basée sur l’absence de preuves d’effets adverses que sur des preuves de l’absence d’effets adverses (Too often, current advice has been based on the absence of evidence of adverse outcomes, rather than on evidence of absence of adverse outcomes). Conflit d’intérêt Aucun. References
[1] B. Langer, A. Gaudineau, A.S. Weingertner and E. David, Contre la notion de grossesse et d’accouchement à bas risque, Gynecol Obstet Fertil 37 (2009), pp. 200–203. Abstract | Article | PDF (78 K) | View Record in Scopus | Cited By in Scopus (2) [2] R. Mori, M. Dougherty and M. Whittle, An estimation of intrapartum-related perinatal moratality rates for booked home births in England and Wales between 1994 and 2003, BJOG 115 (2008), pp. 554–559. View Record in Scopus | Cited By in Scopus (28) [3] G. Gyte, M. Dodwell, M. Newburn, J. Sandall, A. Macfarlane and S. Bewley, Estimating intrapartum-related perinatal mortality rates for booked home births: When the “best” available data are not good enough, BJOG 116 (2009), pp. 933–942. View Record in Scopus | Cited By in Scopus (5) [4] M. Amelink-Verburg, M. Rijnders and S. Buitendijk, A trend analysis in referrals during pregnancy and labour in Dutch midwifery care 1988–2004, BJOG 116 (2009), pp. 923–932. View Record in Scopus | Cited By in Scopus (3) [5] C. van Weel, K. van der Velden and T. Lagro-Janssen, Home births revisited: The continuing search for better evidence, BJOG 116 (2009), pp. 1149–1150. View Record in Scopus | Cited By in Scopus (1)
|