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Christian Bréchot : "Dans l'affaire Metagenex, je n'ai fait que prévenir un scandale sanitaire"

Propos recueillis par Jean-Yves NAU
Le Monde, 11 octobre 2007 ( source)

Le conseil des ministres devait entériner, jeudi 11 octobre, la démission de Christian Bréchot de son poste de directeur général de l'Institut national de la santé et de la recherche sanitaire (Inserm). Christian Bréchot a annoncé sa démission le 8 octobre, après que le gouvernement lui a demandé d'autoriser la société française de biotechnologie Metagenex à commercialiser une technique de dépistage sanguin du cancer mise au point par son épouse, ce qu'il se refusait à faire (Le Monde du 9 octobre).

Quelle lecture faites-vous de ce qui est devenu l'"affaire Metagenex" ?

Je lis un peu partout, depuis quelques jours, qu'il s'agit là d'une affaire éminemment complexe. A mes yeux, elle est d'une extrême simplicité. Elle n'est que la triste histoire d'une société de biotechnologie dans la France d'aujourd'hui. De 2001 à 2006, cette société n'a pu se développer que très péniblement, témoignant en cela des difficultés qu'il peut y avoir, dans notre pays, à trouver des capitaux pour des projets reconnus comme prometteurs.

Si on veut bien la dépersonnaliser, l'affaire Metagenex, c'est pour l'essentiel un chercheur qui, seul, se bat pour faire valoir tout l'intérêt médical que représente un nouvel appareil de dépistage. L'objectif était de valider au mieux et au plus vite l'usage médical pouvant être fait de cet appareil. Puis, en 2006, peu après l'arrivée de nouveaux investisseurs, Axa et Banexi, tout a dérapé.

Que voulez-vous dire ?

Personnalisons, puisqu'il le faut, ce dossier, tout en respectant sa dimension judiciaire. C'est ma femme qui était à l'origine de cette découverte et de l'appareil de dépistage. C'est précisément pourquoi certains m'accusent aujourd'hui d'être coupable d'un sordide "conflit d'intérêt". Alors que le conflit d'intérêt eût été que le directeur général de l'Inserm signe les documents juridiques permettant à une société de biotechnologie de commercialiser une technique pour laquelle aucune validation n'était prévue, et ce alors que des résultats montraient un pourcentage élevé de résultats faussement positifs.

Si le directeur général de l'Inserm avait, à cette époque, parce que sa femme était actionnaire de cette société, fermé les yeux et signé la licence, il aurait bien, alors, été coupable d'un conflit d'intérêt.

Quel intérêt peuvent avoir Metagenex, Axa et Banexi de commercialiser une technique non validée ?

Je ne sais pas répondre à cette question. Pour ma part, je n'ai fait que prévenir un scandale sanitaire et protéger l'Inserm et mes autorités de tutelle.

Une prise de conscience commence à se faire quant à l'incroyable vide réglementaire qui, en France, prévaut dans ce domaine. J'ai pour ma part pris les mesures juridiques qui s'imposaient pour que, dans l'intérêt de la santé publique, Metagenex ne puisse agir comme elle entend le faire depuis un an, sans conseil scientifique, sans manager compétent.

Dans ce contexte, ma démission, si elle permet de sortir de cette affaire par le haut, prend tout son sens. Des affaires de ce type vont se multiplier dans les dix ou vingt ans qui viennent, puisque de nouveaux gènes et de nouvelles techniques de dépistage vont apparaître, suscitant de nouveaux appétits.

Reste, très sérieusement, une question : celle de savoir si le mariage sera encore autorisé entre un chercheur et un directeur d'organisme de recherche.


Modif. May 17, 2009, at 11:08 AM<br />(:addThis username="xa-4b5388e32c732dfe" btn="lg-share":)

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