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Pratiques hospitalières lors de la naissance

Traduction de l'extrait de “A guide to effective care in pregnancy and childbirth” ; troisième édition ; Murray Enkin, Marc J.N.C. Keirse, James Neilson, Caroline Crowther, Lelia Duley, Ellen Hodnett and Justus Hofmeyr; Chapitre 29: Hospital practices (p 255-266) http://www.childbirthconnection.org/article.asp?ClickedLink=719&ck=10014&area=27 (autorisation de publication de la traduction demandée, pas de réponse)

1. Introduction

2. La première impression

3. Examens cliniques

4. Procédures de préparation 4.1 Lavement et suppositoires laxatifs 4. 2 Rasage du pubis

5. Nutrition 5.1 Le risque d'inhalation 5.2 Mesures de réduction du volume et de l'acidité du contenu gastrique 5.2.1 Restriction alimentaire 5.2.2 Perfusion systématique 5.2.3 Approche pharmacologique

6. Position de la mère durant le travail 6.1 Effet sur la circulation sanguine et les contractions utérines 6.2 Effets sur la mère et le bébé

7. Conclusions


1. Introduction

La plupart des naissances ont lieu de nos jours dans un établissement médical. Comme dans d'autres grandes institutions, les hôpitaux (et les professionnels qui y travaillent) établissent des règles et des protocoles de routine pour un fonctionnement efficient. Cette organisation est probablement essentielle. Les professionnels ont besoin d'une structure dans laquelle ils peuvent travailler. Cette structure implique nécessairement des règles de travail et au moins quelques protocoles de routine destinés à servir les intérêts des autres personnes travaillant et utilisant l'établissement. Les changements de fonctionnement peuvent être lents car les règles habituelles et la routine procurent un confort dans le travail et parce que développer et mettre tout le monde d'accord sur une nouvelle politique prend du temps. Ainsi, les variations les plus marquantes concernant le type de soin qu'une femme reçoit dépendent plus de la maternité dans laquelle la femme se dirige et des professionnels qu'elle consulte que de ses attentes ou préférences individuelles. Les variations de pratique, qui peuvent arriver alors que l'environnement peut être très similaire, sont parfois si drastiques qu'elles ne peuvent pas être expliquées par des variations d'indications médicales ni par les caractéristiques des femmes se rendant dans ces établissements.

2. La première impression

	Une femme qui se présente dans une maternité pour accoucher peut porter des mois voire même des années de peur et d'incertitudes sur la naissance.

Ces peurs et incertitudes se focalisent sur le moment où elle entre dans la maternité. C'est la période où elle se sent et est la plus vulnérable. Elle a besoin d'être accueillie dans cet environnement étrange, d'être réconfortée et qu'on lui procure des soins. Il peut être particulièrement difficile de répondre à ce besoin si la future mère n'a jamais fait la connaissance des soignants auparavant.

	La sage-femme ou la personne en charge d'accueillir les femmes en travail peut avoir des priorités totalement différentes. Sa préoccupation majeure est de savoir à quel stade du travail en est la femme, et de s'assurer qu'elle et son enfant vont bien. Elle doit aussi tenir à jour ses dossiers et parfois s'occuper d'autres femmes en travail. Procurer des soins adaptés à chaque femme individuellement et à ses besoins spécifiques, est une tache ardue.
	Diverses recommandations concernant les pratiques d'admission ont été établies pour aider à alléger l'anxiété et la peur des femmes qui entrent dans la maternité. Les soignants devraient aider et soutenir les futures mères et leur compagnon dès leur arrivée. Ils devraient se présenter et donner des informations sur les autres personnes susceptibles d'intervenir. Il est aussi préférable que la sage-femme demande comment les parents souhaitent qu'on s'adresse à eux. Il s'agit de courtoisie élémentaire et cela devrait être universel.
	L'admission est une opportunité d'aborder les demandes de la future mère et ses attentes concernant le travail et l'accouchement, de s'enquérir de ses préoccupations ou inquiétudes. Parfois ces discussions sont formalisées par un projet de naissance rédigé. Le projet de naissance peut aider à faciliter la communication des souhaits de la mère à tous les membres de l'équipe médicale.
	Le soutien procuré par le partenaire ou l'accompagnant(e) peut être particulièrement important pour la mère lorsqu'elle arrive et lors des premiers examens. Malheureusement, certains hôpitaux ont des politiques qui excluent les accompagnants durant ce temps là. Des enquêtes ont montré qu'une faible proportion de femmes préfère n'avoir personne avec elles à ce moment là. La plupart des femmes ont exprimé leur contentement et leur soulagement d'avoir leur partenaire à leurs côtés et de la déception lorsque cela ne pouvait être le cas que ce soit à cause du travail, des autres enfants ou de la politique de l'établissement.

En général, lorsqu'une femme arrive pour accoucher on lui demande de se déshabiller. Si cette demande est faite sans tact cela peut être une expérience humiliante. La plupart des femmes préfèrent apporter leur propre chemise de nuit confortable plutôt que de devoir porter une tenue d'hôpital. Cela leur procure un peu plus de dignité et d'individualité.

3. Examens cliniques

Les principaux examens cliniques à réaliser lors de l'admission visent à évaluer l'avancement du travail, l'état de la mère et celui de son bébé, et de prendre des décisions concernant les soins. A ces fins, les soignants utilisent diverses mesures dont une discussion avec la future maman sur son histoire, ses symptômes, et son dossier obstétrique ; observation de sa température, de sa tension artérielle, et de son état général ; examen abdominal et vaginal ; et un monitoring du coeur foetal. La plupart des femmes souhaitent être impliquées dans les décisions concernant leurs soins et pratiquement toutes apprécient des informations sur ce qui est fait et pourquoi. Le diagnostic du travail a fait l'objet de relativement peu de recherche. Les conseils donnés durant la grossesse sur le démarrage du travail, ce qui est dit à la mère au téléphone lorsqu'elle appelle, et le fait qu'un soignant puisse ou non se déplacer à son domicile pour évaluer l'avancement du travail d'abord, influencera sa décision sur le moment de partir pour la maternité. Ce qu'elle éprouvera à son arrivée dépendra de la politique de l'établissement et des actions entreprises par le personnel médical. Si on juge qu'elle n'est pas en travail, on peut la renvoyer chez elle ou dans un autre secteur de l'hôpital. Une petite étude aux USA a montré qu'un programme éducatif spécifique peut réduire le nombre d'admission de femmes qui ne sont pas en travail actif. (...)

4. Procédures de préparation

	Il fut un temps où, lors de l'admission à l'hôpital, l'usage de laxatifs (par lavement ou avec des suppositoires) et le rasage du pubis et du périnée étaient pratiqués de façon systématique. Bien que ces pratiques ne soient que d'intérêt historique dans certains pays, dans d'autres elles perdurent toujours.

4.1 Lavement et suppositoires laxatifs

Les bénéfices supposés de vider le rectum étaient de permettre à la tête du bébé de descendre, de stimuler les contractions et donc de raccourcir le travail, de réduire la contamination et donc de minimiser les risques d'infection chez la mère et le bébé. Des cas d'irritation, coliques, gangrène et chocs anaphylactiques ont été rapportés.

	Deux essais contrôlés randomisés ont analysé les effets des lavements donnés à l'admission dans la maternité lors du travail. Sans lavement, la contamination fécale était principalement faible et était plus facile à nettoyer qu'une contamination après lavement. Aucun effet sur la longueur du travail ou la contamination foetale ou périnéale n'a été détecté. Parmi les femmes qui ont eu un lavement ou un suppositoire, un petit nombre en avait fait la demande ou en étaient contentes, la moitié des autres femmes n'avaient pas de préférence ou étaient préparées à subir ce qui était nécessaire, l'autre moitié a exprimé un sentiment négatif tel qu'embarras, inconfort, réticence ou répugnance. La majorité des femmes qui n'ont pas reçu de laxatifs étaient contentes ou soulagées.

Etant donné que de donner des laxatifs de façon systématique aux femmes en travail ne confère aucun bénéfice, les résultats d'essais avec différents types de laxatifs sont sans intérêt. Cependant, dans le cas où un lavement paraîtrait nécessaire, ou serait demandé par la future mère, aucun bénéfice n'est mis en évidence par des lavements contenant des médicaments par rapport à de l'eau du robinet. Les lavements contenant du savon ne devraient pas être utilisés car ils provoquent des spasmes et des adhérences.

4. 2 Rasage du pubis

Le rasage avant la délivrance était supposé baisser les facteurs de risque d'infection et rendre la suture d'un périnée abîmé plus facile et plus sure. Dès 1992, cette supposition était infirmée par un essai contrôlé. Cet essai ainsi que le seul autre essai qui ont examiné cette pratique n'ont pu démontrer aucun effet du rasage du périnée sur la baisse de la morbidité puerpérale. En fait, il y a plutôt une tendance à une augmentation de la morbidité dans les groupes rasés. Les résultats des ces essais sont confirmés par ceux d'études de cohortes non randomisées ainsi que par ceux d'essais randomisés de rasage préopératoire sur des patients de chirurgie. D'autres auteurs ont attiré l'attention sur les inconvénients en terme de gêne lors de la procédure, d'inconfort durant les semaines de repousse des poils, ainsi que de coupures mineures causées par le rasage.

5. Nutrition

La croyance que la nourriture et la boisson devraient être interdites ou sévèrement restreintes une fois le travail débuté est largement acceptée dans les soins actuels des hôpitaux. Une petite minorité a la ferme conviction que, excepté les femmes à haut risque de nécessiter une anesthésie générale, les bénéfices de la nutrition selon le souhait de la femme compensent largement les possibles bénéfices d'une politique plus restrictive. Des enquêtes sur la politique dans les maternités du Royaume–Uni et des Etats-Unis ont montré que dans la fin des années 1980 la plupart des maternités interdisaient l'alimentation solide. Environ 50 % n'autorisaient aucune absorption orale à part des paillettes de glace. La plupart des autres n'autorisaient que des gorgées de liquide. Et seulement une sur dix autorisaient les femmes à boire autant qu'elles le souhaitent. Aucune des maternités qui ont fait l'objet de cette enquête n'autorisaient les femmes à boire et manger à volonté. La politique relative à l'absorption orale a été remise en cause ces dernières années et a été libérée dans beaucoup de maternités sans effets négatifs sur la mère ni sur l'enfant reportés. Cependant une politique restrictive reste en vigueur dans beaucoup de maternités. Pour beaucoup de femmes, ces restrictions ne sont pas un problème. La plupart des femmes ne souhaitant pas se nourrir pendant la phase active du travail. Pour celles qui sont en phase précoce de travail et veulent manger, une faim forcée est une expérience très désagréable. Cette faim peut aussi conduire à un ralentissement du travail, un diagnostic de dystocie et une cascade d'interventions culminant par une césarienne. L'effort d'un travail a été rapproché d'un effort physique modéré continu. Lors d'un travail long, lorsque l'alimentation est interdite il y a une augmentation progressive de cétones dans l'urine. Dans une étude américaine portant sur des femmes ayant des cétones élevées dans les urines, ces femmes ont rapporté que la sensation de faim avait été la sensation la plus désagréable du travail. Pourquoi alors, une politique aussi restrictive est-elle en vigueur alors que les femmes la trouve si stressante ? L'explication réside dans la préoccupation très répandue que boire ou manger durant le travail exposerait les femmes au risque d'une inhalation du contenu gastrique lors d'une régurgitation.

5.1 Le risque d'inhalation

Cette préoccupation est réelle et sérieuse mais peut-être mal aiguillée. Le risque d'inhalation du contenu gastrique est pratiquement entièrement lié à l'anesthésie générale. Le degré de ce risque dépend ainsi directement de la fréquence de l'anesthésie durant la naissance et de l'attention et la compétence avec lesquelles l'anesthésique est administré. Le niveau de ce risque a toujours été faible et est maintenant très faible. L'inhalation joue un rôle mineur dans la mortalité maternelle bien qu'elle reste un facteur insuffisamment quantifié dans la morbidité maternelle. Les politiques de restriction alimentaire le font dans le but louable de réduire le risque de régurgitation et inhalation du contenu gastrique. L'aspiration de particules alimentaires de taille suffisante pour obstruer une voie principale ou un segment de bronche peut résulter en un écrasement du tissu pulmonaire en aval de l'obstruction. Même en l'absence de particules, si le contenu gastrique est suffisamment acide, il peut causer une brûlure chimique des voies aériennes. C'est le syndrome d'inhalation acide, décrit par Mendelson il y a plus de 50 ans, et qui constitue le plus grand risque pour une femme enceinte subissant une anesthésie générale. Durant ce temps un certain nombre de mesures spécifiques ont été introduites afin de éviter l'inhalation du contenu gastrique. Il a été démontré à plusieurs reprises que le défaut d'application des procédures adéquates d'anesthésie est la principale raison du fait que des morts par inhalation du contenu gastrique arrivent encore. La plupart des cas d'inhalation pourraient être prévenus par une combinaison de la diminution de la fréquence des procédures requérant une anesthésie générale (en particulier les césariennes) l'utilisation d'anesthésie locale lorsque possible et le respect scrupuleux des protocoles d'anesthésie.

5.2 Mesures de réduction du volume et de l'acidité du contenu gastrique

Les mesures de réduction du volume et de l'acidité gastriques ne peuvent compenser des techniques d'anesthésie inadéquates. Ces mesures sont cependant largement utilisées.

5.2.1 Restriction alimentaire

Le jeûne est la mesure la plus communément adoptée pour réduire le contenu de l'estomac. Le jeûne durant le travail n'a pas l'effet souhaité d'assurer un estomac vide. Pour citer une étude « le mythe de considérer l'intervalle de temps entre le dernier repas et soit la naissance, soit le début du travail comme guide du contenu de l'estomac devrait maintenant être abandonné ». Retarder la nourriture et la boisson durant le travail n'assurera pas un estomac vide si une anesthésie générale devait être nécessaire. Aucun intervalle de temps entre le dernier repas et le début du travail ne garantit un volume gastrique inférieur à 100 ml. Un régime alimentaire avec peu de résidu et une faible proportion de graisse afin de permettre de petits repas savoureux, attractifs et plus rapprochés est une alternative raisonnable au jeûne. Un tel régime pourrait être constitué de thé, jus de fruit, oeufs (cuits), tartines, biscuits, bouillon clair, et fruits cuits. Certaines femmes préfèrent des portions à haute calorie et des boissons. On ne peut pas non plus compter sur le jeûne pour diminuer l'acidité gastrique. Un auteur commentait de façon provocatrice « N'est-il pas surprenant qu'en Angleterre et au Pays de Gales, le nombre de morts maternelles par inhalation acide a augmenté apparemment après l'institution de restrictions nutritionnelles sévères durant le travail, s'élevant pratiquement dans la plupart des maternités à la sous-alimentation (famine) ? ». La restriction de nourriture et de liquide durant le travail peut conduire à la déshydratation et cétose (augmentation des cétoses dans le sang par manque de sucre disponible). Que le degré de cétose constaté chez certaines femmes en travail soit un état physiologique inoffensif ou un état pathologique qui interfère avec le travail de l'utérus n'est pas éclairci. Il n'y a pas d'études publiées sur les besoins nutritionnels d'une femme en travail. Pour certaines femmes, il est probable que ces besoins soient similaires à ceux d'une activité sportive soutenue. La réponse la plus commune au problème de déshydratation et de cétose, dans les maternités pour lesquelles l'alimentation est interdite durant le travail, est l'utilisation d'une intraveineuse de solution glucosée. Les effets de cette pratique devraient être soigneusement comparés à l'alternative de laisser la femme manger et boire à volonté. Le premier essai contrôlé comparant une politique encourageant les femmes à boire et manger durant le travail a porté sur 328 femmes dans un hôpital Canadien. Les femmes ont apprécie de pouvoir se nourrir selon leur besoins ; aucun autre bénéfice ou effet nocif n'a été trouvé.

5.2.2 Perfusion systématique

Les effets biochimiques de solutions de glucose par intraveineuse durant le travail ont été évaluées dans plusieurs essais contrôlés. L'élévation du taux de sucre dans le sang de la femme est accompagné d'une augmentation de production d'insuline. Les données disponibles ne montrent pas d'effet constant sur le pH (acidité) maternelle ni sur le niveau de lactate. Les perfusions de glucose chez la mère conduisent à l'augmentation du taux de sucre dans le sang du bébé ainsi qu'à la diminution du pH sanguin de l'artère ombilicale. Une production excessive d'insuline chez le bébé arrive lorsque sa mère reçoit plus de 25 g de glucose par intraveineuse durant le travail et ceci peut conduire à un diminution de la quantité de sucre dans le sang et l'augmentation de lactate dans le sang du bébé. Un danger supplémentaire réside dans l'utilisation de solutions dépourvues de sel pouvant mener à une hypo-natrémie (faible concentration de sodium) à la fois chez la mère et l'enfant. Ainsi l'utilisation de solutions glucosées et de fluides pour prévenir ou combattre une cétose ou une déshydratation peut conduire à des effets indésirables et sérieux sur le bébé. Actuellement, les protocoles intraveineux impliquent typiquement l'utilisation de lactate de Ringers, une solution sans glucose qui ne procure pas d'énergie. Les risques potentiels d'une perfusion intraveineuse peuvent être objectés par une approche plus naturelle consistant à autoriser la femme à manger et boire à sa convenance durant le travail.

5.2.3 Approche pharmacologique

La fréquence imprévisible de volumes gastriques importants mais également l'imprévisible acidité de ceux-ci, que la femme jeûne ou non durant le travail, a conduit à l'utilisation de produits afin d'abaisser à la fois le contenu et l'acidité du contenu gastrique durant le travail. Le contenu gastrique peut être vidé mécaniquement par un tube, ou par vomissement provoqué par un dérivé morphinique préopératoire. Une comparaison de ces deux méthodes utilisées chez des femmes en travail nécessitant une anesthésie générale n'a pas montré de différence statistiquement significative de la moyenne du contenu aspiré lors de l'opération. La plupart des femmes ayant été intubées on trouvé cela très désagréable alors que la majorité des femmes ayant reçu le dérivé morphinique ont trouvé la procédure un peu désagréable. Aucune des deux méthodes ne peut garantir que l'estomac sera vide. Des inhibiteurs d'ion d'hydrogène, tels que la « cimetidine » et la « rantidine » peuvent augmenter le taux de vidange gastrique et résulter en une diminution frappante du contenu gastrique. Le contenu gastrique peut être rendu moins acide en utilisant des antiacides tels que l'hydroxyde d'aluminium, le tri-silicate de magnésium, ou le citrate de sodium et par des agents tels que la « cimetidine », la « rantidine » ou l' « omeprazole ». Des comparaisons randomisées entre différents produits n'ont trouvé aucune différence d'efficacité entre les produits ou classe de produits, sur le pH gastrique. L'efficacité de ces agents à réduire l'acidité, cependant, ne veut pas nécessairement dire qu'ils auront un effet sur l'incidence ou la sévérité du syndrome de Mendelson. Bien que depuis 1966 il y ait eu une tendance à l'administration systématique d'antiacide à toutes les femmes avant une césarienne, le syndrome de Mendelson se produit quand même chez des femmes qui ont reçu un traitement complet d'antiacide.

6. Position de la mère durant le travail

L'intérêt portant sur les positions durant la première phase du travail a existé durant le 20ème siècle, mais jusqu'à présent, il y a eu peu de recherches bien contrôlées sur la validité des diverses opinions assez tranchées sur le sujet. La pratique routinière de la majorité des maternités continue à coucher les femmes durant le travail. Les données disponibles jettent le doute sur la sagesse de cette pratique.

6.1 Effet sur la circulation sanguine et les contractions utérines

La position en décubitus dorsal (allongé sur le dos) provoque une réduction du débit cardiaque. Elle est associée à une diminution plus grande de la pression artérielle fémorale que de la pression artérielle brachiale ce qui ne se produit pas en position latérale ou lorsque l'utérus est incliné sur la gauche. Cette observation suggère que la position en décubitus dorsal peut compromettre la circulation sanguine utérine durant le travail. L'intensité des contractions utérines est continuellement réduite et la fréquence des contractions est fréquemment augmentée lorsque le femme en travail s'assoie ou est en décubitus dorsal après avoir été en positions verticale. Les positions debout ou couchées sur le côté sont associées à des contractions plus intenses. L'efficacité des contractions (leur capacité à assurer la dilatation du col) est aussi augmentée par les positions debout et latérales. Les résultats de plusieurs études suggèrent que la position en décubitus dorsal peut affecter défavorablement l'état général du foetus et la progression du travail, à cause de l'interférence avec l'approvisionnement en sang de l'utérus et en compromettant l'efficacité des contractions utérines. Des changements fréquents de la position maternelle peuvent être un moyen d'éviter les effets défavorables d'une position couchée en décubitus dorsal. Aucune preuve issue d'études contrôlées ne suggère que la position en décubitus dorsal devrait être encouragée.

6.2 Effets sur la mère et le bébé

Les résultats d'essais contrôlés montrent que les femmes à qui l'on a demandé d'être debout, de marcher ou d'être assise dos droit durant le travail ont eu, en moyenne, un travail plus court que les femmes à qui l'on a demandé de rester couchées à plat dos. Les essais dans lesquels une position verticale était comparée à une position couchée sur le côté n'ont pas montré de différence frappante de la durée du travail. Dans la seule étude montrant une durée de travail plus longue dans le groupe « ambulant » par comparaison à un groupe « non ambulant », les femmes du groupe « couchées » étaient autorisées à se lever si elles le désiraient et les femmes du groupe « ambulant » étaient autorisées à se coucher lorsqu'elles le souhaitaient. Les femmes du groupe « debout » ont préféré se coucher avec l'avancement du travail souvent à partir de 5-6 cm de dilatation. Ceci suggère que la liberté de choix de la position est probablement le facteur le plus important à prendre en considération. Les femmes assignées au groupe « debout » ont utilisé moins de narcotiques analgésiques ou de péridurales et ont reçu moins d'ocytocine pour augmenter le travail. Cela peut être du en partie au fait qu'il est plus facile d'administrer ces produits aux femmes couchées dans un lit. Les données disponibles ne fournissent aucune preuve d'un effet constant des positions durant la première phase du travail sur la probabilité d'un accouchement assisté (forceps, ventouse). De façon similaire, il n'y a pas de résultats cohérents relatifs à l'état du bébé. Un seul essai a montré une incidence significativement inférieure de rythmes cardiaques anormaux et de faibles scores d'Apgar associée à des positions verticales. D'autres études, dont certaines utilisant la télémétrie, (un moyen de monitoring du coeur foetal lorsque la femme est mobile) combinée à une déambulation n'ont pas détecté de différence dans les schémas types du rythme cardiaque foetal ou les scores du test d'Apgar. Il n'y a pas d'information disponible sur l'effet des positions durant la première phase du travail sur des indicateurs plus importants du bien-être de l'enfant.

7. Conclusions

Les routines hospitalières sont nécessaires pour un fonctionnement efficace. Le défi rencontré par les professionnels travaillant dans les maternités est d'introduire ou de ne maintenir que les gestes systématiques et les règles dont on a démontré qu'ils ont des effets plus bénéfiques que nuisibles et deuxièmement d'appliquer ces routines de façon flexible de façon à prendre en compte des besoins individuels de chaque femme enceinte.

La présence du compagnon lors de l'arrivée à la maternité et durant les premiers examens est importante pour beaucoup de femmes. La présence des accompagnateurs de la femme devrait entre encouragée et facilitée.
Les soignants devraient être attentifs à préserver la dignité, l'intimité de la femme et à la traiter en adulte, par exemple, en terme d'appellation et de présentation. Abandonner la tenue typique des hôpitaux est un premier pas vers ce but.
Les femmes apprécient les efforts des soignants pour les informer et les consulter sur la progression du travail ainsi que sur les soins qui leurs seront prodigués. Lorsque différents choix sur les soins sont offerts, ils devraient être présentés de façon à ce que la femme puisse demander ce qu'elle souhaite et discuter de ses doutes.
Il n'y pas de raison de maintenir des pratiques dépassées, telles qu'administrer des laxatifs ou raser le pubis qui cause beaucoup d'inconfort et de gène chez la femme.
Actuellement aucune mesure connue, ne peut assurer que l'estomac d'une femme en travail est vide ou que le contenu gastrique aura un pH supérieur à 2,5. Le jeune forcé durant le travail, l'utilisation d'antiacides, ou une vidange mécanique ou chimique de l'estomac n'ont qu'une efficacité partielle. Toutes ces actions ont des conséquences déplaisantes et sont potentiellement dangereuses pour la mère et possiblement pour le bébé. Le syndrome d'étouffement par aspiration du contenu gastrique sous anesthésie générale est rare mais sérieux. Il est sage d'éviter une anesthésie générale pour l'accouchement lorsque c'est possible et d'utiliser une technique adéquate avec une attention méticuleuse aux mesures de sécurité connues lors d'une anesthésie générale.
Les exigences professionnelles demandant aux femmes de s'allonger sur le dos durant la première phase du travail sont moins répandues qu'avant mais elles existent toujours. Les preuves disponibles suggèrent que cette politique compromet une activité efficace de l'utérus, prolonge le travail, et conduit à une utilisation majorée d'ocytocine pour augmenter le travail.
Des essais contrôlés sont nécessaires, non seulement pour évaluer les effets des pratiques hospitalières de routine, mais aussi pour évaluer les méthodes afin d'accomplir les changements lorsque ces pratiques sont inefficaces, inutiles ou contre-productives.

Modif. July 19, 2007, at 11:53 PM<br />(:addThis username="xa-4b5388e32c732dfe" btn="lg-share":)

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