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Suspicions sur des tests de dépistage du cancer

Marc Payet. Le Parisien, 21 novembre 2007.

Des tests, supposés détecter des cancers chez des patients, ne semblent pas totalement fiables. L'Institut national de santé et de recherche médicale (Inserm) vient de demander une expertise judiciaire au tribunal de Paris.

VOUS AVEZ une pathologie bénigne... et on vous annonce un cancer. C'est ce qui est arrivé à une patiente qui a passé un « test » dit CTC Iset Oncologie d'un genre nouveau, fabriqué par la société Métagenex et commercialisé par le laboratoire parisien Lavergne. « Ces tests sont totalement insuffisants pour établir un diagnostic », déplore le professeur Thomas Papo, chef de service de l'hôpital Bichat - Claude-Bernard. De son côté, le directeur du laboratoire Lavergne, Jean-Claude Zérat, se défend : « C'est vrai que nous utilisons ce procédé, mais on ne fait pas de dépistage. On ne dit pas si telle ou telle personne va avoir un cancer. Seul le médecin est par la suite habilité à prononcer un diagnostic », nous précise-t-il.

Un test peu encadré. La toile de fond de cette affaire est la mise sur le marché de tests de détection « de cellules tumorales circulant dans le sang », un marqueur supposé de certains cancers. Au total, 377 personnes l'ont déjà effectué en dix-huit mois, uniquement au laboratoire Lavergne, au prix de 150 €, non remboursé par la Sécurité sociale. La réglementation ne l'interdit pas. Métagenex et le laboratoire Lavergne ne sont donc pas dans l'illégalité. Reste la question de santé publique. « La procédure actuelle, fondée sur l'autocertification, n'est pas suffisante. On réfléchit à un durcissement de la réglementation », nous explique Jean-Claude Ghislain, directeur de l'évaluation des dispositifs médicaux à l'Agence du médicament (Afssaps).

L'affaire Bréchot. En arrière-plan de cette affaire se joue aussi un nouvel épisode de l'affaire Bréchot, du nom de l'ancien président de l'Inserm ( Institut national de santé et de recherche médicale), qui a démissionné de son poste le 9 octobre à la suite d'accusations de « conflit d'intérêts » avec son épouse, Patrizia Paterlini-Bréchot. Celle-ci a inventé le procédé prometteur CTC pour Métagenex. « Je considère que la diffusion de tels tests sans validation présente un risque grave, nous a déclaré Christian Bréchot. C'est pourquoi je ne voulais pas signer les licences. Les patients risquent d'être placés à tort dans une situation d'angoisse. » Il s'est vu confier une mission de deux mois sur la recherche internationale par la ministre de l'Enseignement supérieur et de la Recherche, Valérie Pécresse, et prendra ensuite ses fonctions de vice-président du laboratoire Mérieux-Alliance. Son épouse, Patrizia Parterlini-Bréchot, est sur la même ligne : « J'ai toujours dit que mon invention devait être validée avant d'être commercialisée. Mais les nouveaux actionnaires de Métagenex n'ont pas voulu attendre d'avoir toutes garanties de fiabilité du test », affirme-t-elle. Métagenex nie de telles pratiques.

Des poursuites judiciaires. Les deux parties menacent de s'affronter devant les tribunaux. L'Inserm a présenté devant le tribunal de Paris « une demande d'expertise judiciaire sur la validation de ces tests pour des raisons de santé publique ». Des huissiers se sont présentés le 3 octobre au siège de la société. De son côté, Métagenex a attaqué devant le TGI Patrizia Paterlini-Bréchot pour « dommages et intérêts » envers la société. Le directeur général de l'Agence du médicament, Jean Marimbert, est chargé d'une « médiation » sur ce sujet brûlant et reçoit ces jours-ci les différentes parties concernées.


Modif. May 02, 2009, at 07:17 PM<br />(:addThis username="xa-4b5388e32c732dfe" btn="lg-share":)

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