Le terme de “vio­lences obstétri­cales” s’est imposé dans le débat pub­lic depuis près de deux ans. Il est repris par la presse et employé sur les réseaux soci­aux. Le Ciane l’utilise égale­ment, mil­i­tant depuis 2003 con­tre la mal­trai­tance dans les soins en périnatalité.
L’ap­proche du Ciane fait l’ob­jet d’un cer­tain nom­bre de com­men­taires qui s’ex­pri­ment notam­ment sur les réseaux soci­aux : pour clar­i­fi­er le débat, le Ciane entend expliciter sa position.

1. Dialoguer avec les professionnels de santé

Le Ciane a opté pour une atti­tude de dia­logue avec les pro­fes­sion­nels de san­té dans les instances où il est invité à apporter son exper­tise. Dia­loguer ne sig­ni­fie pas abdi­quer ses principes, mais les faire enten­dre au sein de ces instances. Lors de sa par­tic­i­pa­tion à des recom­man­da­tions de pra­tiques clin­iques (RPC), le Ciane s’interroge régulière­ment sur l’attitude à adopter en fonc­tion de ses inter­locu­teurs. Cer­taines RPC ont été cri­tiquées et le Col­lec­tif a par­fois été amené à se retir­er des dis­cus­sions pour exprimer son désac­cord. Toute­fois, la poli­tique de la chaise vide n’est pas priv­ilégiée, l’absence de représen­tants d’usagers desser­vant in fine la cause des usagers du sys­tème de santé.

La vio­lence man­i­feste et volon­taire dans les soins sem­ble rare et n’est pas la seule forme de mal­trai­tance. C’est pourquoi le Ciane par­ticipe à des for­ma­tions aux pro­fes­sion­nels de san­té pour les sen­si­bilis­er à la vio­lence “ordi­naire” dans les soins, sous ses dif­férentes formes (atteinte à la dig­nité, défaut d’information, absence de prise en compte de la douleur, etc…), à par­tir de témoignages et de vécus con­fiés par des femmes.

La médi­ati­sa­tion des vio­lences obstétri­cales est utile et néces­saire pour que ce phénomène soit mieux pris en compte et com­bat­tu. Le Ciane veille toute­fois à ne pas jeter un dis­crédit sys­té­ma­tique sur l’ensemble des pro­fes­sion­nels de san­té en périnatalité.

2.  Prendre le temps de l’écoute et de la réflexion

Le Ciane n’incite pas sys­té­ma­tique­ment les femmes vic­times à dépos­er un recours devant la jus­tice. En l’état actuel, la jurispru­dence ne per­met pas de garan­tir à une vic­time de vio­lences obstétri­cales que son dossier obti­enne gain de cause devant les tri­bunaux. Le droit des usagers du sys­tème de san­té est encore récent et il manque d’avocats spé­cial­isés à la fois en obstétrique et en droit des patients. Si la vio­lence con­ju­gale est désor­mais mieux com­prise par les dif­férentes instances poli­cières, juridiques et admin­is­tra­tives, ce n’est pas encore le cas en matière de vio­lence dans les soins.

Le Ciane assume un rôle d’écoute et de con­seil auprès des femmes vic­times qui le sol­lici­tent; ce sont ain­si plusieurs dizaines de femmes qui ont été accom­pa­g­nées depuis quelques années. Chaque sit­u­a­tion est par­ti­c­ulière et demande une stratégie adap­tée. Instru­men­talis­er la souf­france des femmes pour qu’il y ait des actions en jus­tice plus nom­breuses, dans l’espoir d’une jurispru­dence favor­able, est une stratégie que nous ne cau­tion­nons pas d’un point de vue éthique. Lorsqu’une telle action en jus­tice tourne court, cela ajoute au trau­ma­tisme vécu et rend plus dif­fi­cile la récupéra­tion psy­chique. La cause indi­vidu­elle des per­son­nes con­cernées ne peut être sac­ri­fiée sur l’au­tel de la cause générale des vio­lences obstétricales.

La vio­lence dans les soins est intolérable et choquante. Cha­cun souhaite aller plus loin, plus vite, plus fort pour défendre le droit des patients et des femmes. Le Ciane agit dans la mesure de ses moyens humains et financiers, sans s’arroger le mono­pole de cette lutte.

Ressources et enquête en ligne

Vous avez vécu une expéri­ence dif­fi­cile… quels recours? 
Répon­dre à l’enquête sur le vécu de l’accouchement
Bib­li­ogra­phie vio­lence obstétri­cale 2016
Dossiers thé­ma­tiques de l’enquête sur le vécu des  accouchements

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