Le Ciane salue l’ini­tia­tive de l’As­so­ci­a­tion nationale des sages-femmes libérale (http://www.ansfl.org/) pour cette let­tre ouverte sur les dif­fi­cultés que ren­con­trent cer­taines femmes à obtenir une con­sul­ta­tion pré-anesthésique lorsqu’elles ont le pro­jet d’ac­couch­er à domi­cile. La let­tre sur le site de l’ANS­FL: http://www.ansfl.org/page.php?id=105

Let­tre ouverte aux chefs de ser­vices et aux médecins anesthé­sistes des maternités

Cer­taines de nos con­sœurs, sages-femmes libérales, ont souligné à plusieurs repris­es la dif­fi­culté voire l’impossibilité pour leurs patientes de réalis­er une con­sul­ta­tion pré-anesthésique en mater­nité lorsque l’accouchement est prévu à domicile.

Si les textes men­tion­nant une con­sul­ta­tion oblig­a­toire con­cer­nent effec­tive­ment les accouche­ments prévus dans la struc­ture, faut-il pour autant  refuser le béné­fice de cette con­sul­ta­tion aux autres femmes enceintes ?

Les sages-femmes doivent s’entourer de toutes les pré­cau­tions pour préserv­er la san­té des femmes — et de leurs enfants — qui s’adressent à elles pour une demande d’ac­com­pa­g­ne­ment glob­al et d’ac­couche­ment à domicile.

Ces sages-femmes ne peu­vent accepter de pren­dre en charge à domi­cile que les patientes sans antécé­dent par­ti­c­uli­er et dont la grossesse se déroule de façon physiologique.

La pos­si­ble néces­sité d’un trans­fert en struc­ture au cours de l’accouchement doit cepen­dant être envis­agée. Lors de l’accouchement, les sages-femmes s’attachent à dépis­ter tout signe précurseur d’une dif­fi­culté afin qu’un éventuel trans­fert ait lieu aus­si pré­co­ce­ment que pos­si­ble et dans les meilleures conditions

Les motifs amenant à trans­fér­er une femme à la mater­nité jus­ti­fient générale­ment une prise en charge plus tech­ni­cisée, néces­si­tant sou­vent le recours à une anesthésie.

Com­ment ne pas s’étonner alors de voir une con­sul­ta­tion réal­isée sys­té­ma­tique­ment  pour les patientes de la mater­nité refusée aux autres femmes ?

Lors des travaux du réseau Aurore 1, il est apparu que ces refus sont liés à la crainte de cau­tion­ner   — en accep­tant de recevoir ces patientes en con­sul­ta­tion — la pra­tique de l’accouchement à domicile.

Rap­pelons que de nom­breuses études démon­trent la sécu­rité de l’accouchement à domi­cile lorsqu’il est réservé à des sit­u­a­tions qual­i­fiées de « bas-risque ».2 Par ailleurs, cette pra­tique est par­faite­ment légale et prise en charge par l’assurance maladie.

Nous ne deman­dons pas aux anesthé­sistes de s’engager sur ce qui est de la respon­s­abil­ité pleine et entière de la sage-femme mais de pré­par­er un éventuel recours à une anesthésie. Il appa­rait para­dox­al de met­tre en doute la sécu­rité des patientes désir­ant accouch­er à domi­cile tout en refu­sant par­al­lèle­ment  la réal­i­sa­tion d’une con­sul­ta­tion qui fait par­tie des straté­gies pro­posées pour amélior­er la sécu­rité de la naissance.

Par ailleurs, l’Article D6124-35 du code de la san­té publique précise :

L’étab­lisse­ment de san­té autorisé à pra­ti­quer l’ob­stétrique met en place une organ­i­sa­tion per­me­t­tant :        (…)  3° D’as­sur­er au début du dernier trimestre de la grossesse une con­sul­ta­tion par un gyné­co­logue-obstétricien ou une sage-femme de l’u­nité qui effectuera l’ac­couche­ment et de faire réalis­er la con­sul­ta­tion pré-anesthésique prévue à l’ar­ti­cle D. 6124–92 par un anesthé­siste-réan­i­ma­teur de l’établissement ;

Les femmes enceintes doivent-elles se retrou­ver otages d’un con­flit entre deux façons de con­cevoir la prise en charge de l’accouchement physiologique ?

L’ANSFL déplore forte­ment cette sit­u­a­tion et demande à l’ensemble des chefs de ser­vices et des médecins anesthé­sistes d’accueillir en con­sul­ta­tion toute femme enceinte, quelque soit le choix de son lieu d’accouchement, favorisant ain­si un tra­vail en réseau pour une prise en charge opti­male des femmes et de leurs enfants.

le 6 octo­bre 2010, Lau­rence Pla­tel pour l’ANSFL

 

(les notes n’ont pas été repro­duites, voir le cour­ri­er orig­i­nal sur le site http://www.ansfl.org/page.php?id=105)